(AFP, Athènes, le 23 août 2013) Les écoles de swing éclosent à Athènes permettant aux Grecs d'oublier leurs difficultés économiques avec une danse qui a pris son essor pendant la Grande Dépression aux Etats-Unis.
"Il y a cinq ans, il n'y avait pas de scène swing à Athènes, cette danse ne faisait pas partie de notre culture", se souvient Josephine Yannakopoulou.
Surnommée Joss, elle dirige avec deux autres danseurs Athens swing cats, [site - Facebook] l'une des deux principales écoles de la capitale grecque qui enseignent le swing, une danse endiablée issue du charleston, qui se danse en couple sur des rythmes de jazz, be-bop et rock.
"À l'époque, nous avons commencé avec huit élèves, pour passer graduellement à 15, puis 30 avant d'atteindre ces dernières années des centaines", poursuit cette trentenaire gréco-française.
Si les débuts ont été difficiles, l'entreprise est bénéficiaire depuis l'an dernier. Les affaires sont maintenant tellement bonnes qu'elle a abandonné son poste universitaire obtenu après un doctorat en musicologie et histoire de la danse à Edimbourg pour se consacrer au développement de son entreprise.
Aujourd'hui "de plus en plus, les gens swinguent, ils participent à des manifestations dans les rues qu'on organise qui vont du swing au charleston, un moyen pour s'offrir un break heureux", dit-elle.
Nasos Dimalexis, ingénieur de 43 ans, qui suit des cours une fois par semaine, explique que "c'est la crise qui a provoqué en quelque sorte la mode de swing".
"C'est une façon d'oublier nos problèmes, nous nous amusons et les fêtes qu'on organise ne sont pas chères, les boissons sont à des prix bas", ajoute-t-il.
Organisés dans des bars ou en plein air, ces bals rassemblent dans une ambiance allègre des centaines d'Athéniens, danseurs ou spectateurs, en jeans ou jupes courtes, ou en pantalons rappelant les années 30 ou 50.
Le partenaire de Joss, l'Écossais Ben Librojo, explique que "le succès est dû au fait que les gens ont de plus en plus besoin d'échapper à la misère" que traverse la Grèce depuis le déclenchement de la crise de la dette en 2010.
"A l'époque où je me demandais s'il fallait investir dans l'école, quelqu'un m'a dit qu'en temps de crise financière, ce serait une bonne activité, car les gens veulent oublier les moments difficiles et s'échapper du quotidien. Et cela s'est avéré vrai", poursuit-il.
La mode du swing a retenu en Grèce Ben, qui a renoncé à sa carrière d'informaticien à Edimbourg en Ecosse. "Aujourd'hui, 90% de mes revenus proviennent de l'école", avoue-t-il.
Comme Joss, Ben était danseur amateur de swing en Ecosse avant de venir en Grèce en 2008 où tous les deux se sont lancés dans les cours de swing.
Parcours presque identique pour la Grecque Mariantzela Salihou, responsable de la seconde école de la capitale grecque, Athens Lindy Hop, créée également en 2008. Après ses études en Angleterre, elle rentre à Athènes pour y lancer la mode du swing.
"Nous avons commencé avec 10 élèves et maintenant on en a des centaines. Malgré la crise, notre société est en plein expansion", se félicite-t-elle. Le swing, "danse sociale, gaie et spontanée (...) sert d'échappatoire".
Et pour Tina Alexopoulou, chanteuse de l'orchestre Tina and the Jazzymates, le swing c'est une façon "de s'exprimer, de s'unir, et oublier la crise".
Le swing est né aux Etats-Unis à la fin des années 20, coïncidant avec la crise de 29 et la Grande Dépression, et s'est développée dans les années 40 marquées par la guerre. Joss fait des parallèles avec la morosité d'aujourd'hui, dans un pays qui a subi six ans consécutifs de baisse du PIB et connaît un taux record de 27% de chômeurs.
"Mes élèves me disent souvent que quand ils dépriment, ils pensent au swing. Ils comptent les jours avant le prochain cours", dit-elle.
Et la communauté swing à Athènes n'oublie pas d'être solidaire, dit Ben. Depuis trois ans, un festival swing philanthropique se tient à Athènes au début de l'été. L'année dernière, les recettes étaient pour les sans domicile fixe et cette année pour les familles démunies d'Athènes.
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