Libération, 24 mars 2014
REBONDS
Quelques groupes, actifs et organisés, s’érigent en arbitres et en gardiens des bonnes mœurs et de la religion. Ils s’attaquent à l’art et tentent d’empêcher la diffusion des œuvres qui leur déplaisent par tous moyens.
Il y a eu, en 2000, «Présumés innocents», exposition au CAPC de Bordeaux, dont les commissaires ont été poursuivies au pénal par l’association la Mouette. La procédure a fini par un non-lieu. En 2010, le Baiser de la Lune, film d’animation de Sébastien Watel, montrait un poisson lune qui aimait un poisson chat. Le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, a interdit sa diffusion à l’école, sur demande de Christine Boutin.
En avril 2011, Immersion (Piss Christ) et Sœur Jeanne Myriam, d’Andres Serrano, furent vandalisées à la Collection Lambert d’Avignon à la suite d’une manifestation conduite par Civitas. Certains évêques s’étaient joints aux intégristes dans la dénonciation d’un prétendu blasphème. Quelques mois plus tard, des représentations de la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu, de Romeo Castellucci, furent empêchées par des catholiques intégristes. Il a fallu que la police protège les théâtres, comme ce fut le cas ensuite pour la pièce Golgota Picnic, de Rodrigo García. Le porte-parole de la Conférence des évêques dénonçait ces deux spectacles sans les avoir vus.
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