Fabien Rivière pour Espaces Magnétiques, le 22 juillet 2014 ⓒ
Il nous manque "RUE François Hollande".
J’ai régulièrement dénoncé ou mis en lumière ce qui me révoltait dans le monde. Ce que je cherche aujourd’hui, à travers le théâtre et la danse, c’est peut-être une nouvelle manière de me rebeller. J’ai aujourd’hui la conviction que l’on peut se rebeller, faire preuve de subversion, non pas en racontant l’objet de sa rébellion mais en rendant compte d’une joie de vivre qui résiste à la misère et qui semble nous faire défaut ici, en Europe. La joie que Serge et les musiciens manifestent dans leur appropriation du répertoire baroque me semble constituer un message politique bien plus puissant que ne pourrait l’être la chronique de la pauvreté ou de la situation politique en République Démocratique du Congo.
C'est donc plutôt de se disperser qu'il s'agit ici.De quoi parle cette pièce ?Elle parle de beaucoup de choses à la fois : du corps avant tout, comment est-il utilisé pour raconter des histoires ? Elle parle aussi du comportement humain, comment il peut être axé sur le corps. Elle parle de la vie en communauté en Afrique, comment on se regroupe pour se faire un peu d’argent, ou dans le cadre d’une cérémonie d’initiation, moment important où l’on gère tous les problèmes qui se posent dans la communauté. J’ai aussi voulu évoquer ce qui se passe en France (référence est faite aux résultats électoraux du Front national, et dans la pièce Marine Le Pen est évoquée dans un rituel imaginaire, ndr) - et dans le monde - et dire que c’est important. Puis, il est question des femmes, de leur place dans la société et aussi de la place des hommes. Cette pièce parle aussi d’homosexualité. Ce n’était pas le cas avant, ou en tout cas je n’en avais pas conscience. Et pourtant en Afrique, comme dans le monde, il y a beaucoup d’homophobie. Et je pense qu’il faut en parler.