Cécile Helle, nouveau maire (PS) d'Avignon et nouvelle vice-présidente de l’association des Maires de France, Photo DR.
Lors du Conseil d'administration du Festival d'Avignon (au cloître Saint-Louis, à Avignon) le lundi 24 novembre, le gel de 8 % de la participation de l'État a été voté. Un gel, qui plus est, inscrit au dit budget, ce qui l'entérine encore plus fortement. Cela équivaut à 302.000 € en moins.
« J'ai été frappé, lors de ce conseil d'administration, souligne Paul Rondin, directeur délégué du Festival, par le fait que seul Louis Schweitzer [président du conseil d'administration] s'est battu pour que l'on n'inflige pas ce gel à Avignon. Il nous a défendus, mais il n'a pas été suivi, ce qui est très rare. La maire d'Avignon, Cécile Helle, s'est contentée de dire: « Il faut être prudent, la ville est fragile. » »
« J'ai été frappé, lors de ce conseil d'administration, souligne Paul Rondin, directeur délégué du Festival, par le fait que seul Louis Schweitzer [président du conseil d'administration] s'est battu pour que l'on n'inflige pas ce gel à Avignon. Il nous a défendus, mais il n'a pas été suivi, ce qui est très rare. La maire d'Avignon, Cécile Helle, s'est contentée de dire: « Il faut être prudent, la ville est fragile. » »
Ce désengagement de l'État, Olivier Py et Paul Rondin en avaient été alertés en octobre lors d'un rendez-vous au ministère de la Culture. « On nous avait dit : "il faut vous y attendre " (au nom des économies demandées par l'exécutif dans tous les ministères, ndlr.). »
Par ailleurs, le conflit des intermittents en juillet dernier avec ses annulations de spectacles, et une météo orageuse, se sont soldés par un déficit de 270.000 €.
Le budget de fonctionnement du nouveau lieu du Festival, La FabricA, — dont la scène a la taille de celle de la Cour d'honneur du Palais des Papes et est installée dans un quartier populaire — demeure problématique.
Par ailleurs, le conflit des intermittents en juillet dernier avec ses annulations de spectacles, et une météo orageuse, se sont soldés par un déficit de 270.000 €.
Le budget de fonctionnement du nouveau lieu du Festival, La FabricA, — dont la scène a la taille de celle de la Cour d'honneur du Palais des Papes et est installée dans un quartier populaire — demeure problématique.
Le site CityLocalNews a publié le 3 décembre une instructive interview du nouveau maire d'Avignon où elle explique sa politique budgétaire en manière de Culture (extraits à lire en fin d'article). Elle déclare : « Il n’y a pas de politique de restriction budgétaire pour l’instant. » Mais, « Les associations qui travailleront dans ce sens [envers les jeunes publics et l’itinérance dans les quartiers] seront plus aidées, c’est une position politique. »
Le Festival, quant à lui, ne veut pas toucher à son budget de fonctionnement : Selon Paul Rondin « on va prendre sur l'artistique car on refuse de réduire notre budget de fonctionnement. Mais le Festival, c'est 1600 emplois directs ou indirects, un vrai impact économique sur le territoire s'il y a moins de spectacles, ce qui sera le cas. » Il est envisagé de passer d'une durée de Festival de 24 jours à 22, et de ne pas jouer à la Carrière Boulbon, éloignée et chère à faire fonctionner (à partir de rien).
Mais, on avait appris fin septembre dernier que l'Opéra d'Avignon allait bénéficier d'une rallonge de près d'un million d'euros, 926 788 € pour être précis, de la Communauté d'Agglomération du Grand Avignon ou Grand Avignon (constituée de quinze communes (1)) (nous avons publié alors un article ICI).
Or, nouveau rebondissement début décembre, révélé par le Dauphiné.com ICI. Si les subventions de la ville d'Avignon en direction du Festival d’Avignon, puis de l’Orchestre de Région Avignon Provence (Orap) sont à la baisse, comme on le sait depuis une semaine, c’est au tour de cinq scènes d’Avignon d'être touchées : « Convoquées par Catherine Bugeon, l’adjointe à la culture de Cécile Helle, les directeurs de cinq des six scènes d’Avignon ont été très surpris par cette décision brutale à trois semaines de l’année 2015. Sont concernés par cette baisse de 10 %, les théâtres du Balcon, les Carmes, le Chien qui fume, le Chêne noir et le théâtre des Halles. Le dernier entrant des six scènes d’Avignon, Emmanuel Serafini du Centre de développement chorégraphique (CDC) Les Hivernales, n’est pas impacté par cette décision municipale : « S’il nous enlève 10 % à 70 000 euros, il ne nous restera plus grand-chose… car nous sommes liés à une convention multipartite. Du fait de notre label CDC (Centre de développement chorégraphique), si l’un des acteurs institutionnels baisse la subvention, les trois autres tutelles, Région, Département et État, devraient le faire d’autant », précise le directeur du CDC Les Hivernales. »
Du côté du CDC Les Hivernales justement, on pouvait lire sur la page Facebook de son directeur, Emmanuel Serafini, le 16 décembre ceci : « (...) aujourd'hui j'ai appris que la modeste aide supplémentaire que j'espérais de la Ville - pensez, 5 000 euros après une stagnation de l'aide de la Ville depuis 2012... Et bien la Ville d'Avignon n'a pas 5 000 euros pour un Établissement comme le notre... Qui peut le croire ? La vérité c'est qu'il n'y a pas la volonté, pas un manque de moyens, non : la volonté de soutenir une initiative qui résiste dans une précarité connue de tous... JUSTICE ! » Il ajoute :« "maintenir c'est soutenir" m'a t-on dit... Un rêve, un songe... »
Il n'est pas inutile de rappeler l'histoire récente de la structure, telle que la présente son directeur dans une récente interview : « Lorsque j’ai été nommé à la direction du CDC, en 2009, la situation économique était très fragile. Il y avait un déficit chronique de la structure. Les pouvoirs publics ne faisaient rien et encore une fois, l’équipe d’Amélie Grand [fondatrice] a tout fait pour éviter l’effondrement et chaque dépense a été faite en direction de l’artistique. À mon arrivée, les demandes de la part des pouvoirs publics sont claires : il faut licencier. Or, cela va l’encontre des missions car pour développer, il faut une équipe solide. Donc, mon premier travail est de garder une équipe, ce que j’arrive à faire. Il a fallut se battre, se renouveler pour montrer notre existence, pour sortir de notre délicate situation. Fin 2013, grâce aux efforts de l’équipe, grâce aux efforts des artistes qui se sont investis dans des projets et qui n’ont pas été tout à fait rémunérés à la hauteur de leurs demandes, la structure est sortie de la mauvaise impasse. Redresser une structure, cela prend du temps et ce temps est incompressible. » (OuvertauxPublics)
(1) Avignon, Le Pontet, Morières-lès-Avignon, Saint-Saturnin-lès-Avignon, Caumont-sur-Durance, Villeneuve-lez-Avignon, Vedène, Jonquerettes, Les Angles, Rochefort-du-Gard, Velleron, Saze, Entraigues-sur-la-Sorgues, Sauveterre et Pujaut.
Mais, on avait appris fin septembre dernier que l'Opéra d'Avignon allait bénéficier d'une rallonge de près d'un million d'euros, 926 788 € pour être précis, de la Communauté d'Agglomération du Grand Avignon ou Grand Avignon (constituée de quinze communes (1)) (nous avons publié alors un article ICI).
Or, nouveau rebondissement début décembre, révélé par le Dauphiné.com ICI. Si les subventions de la ville d'Avignon en direction du Festival d’Avignon, puis de l’Orchestre de Région Avignon Provence (Orap) sont à la baisse, comme on le sait depuis une semaine, c’est au tour de cinq scènes d’Avignon d'être touchées : « Convoquées par Catherine Bugeon, l’adjointe à la culture de Cécile Helle, les directeurs de cinq des six scènes d’Avignon ont été très surpris par cette décision brutale à trois semaines de l’année 2015. Sont concernés par cette baisse de 10 %, les théâtres du Balcon, les Carmes, le Chien qui fume, le Chêne noir et le théâtre des Halles. Le dernier entrant des six scènes d’Avignon, Emmanuel Serafini du Centre de développement chorégraphique (CDC) Les Hivernales, n’est pas impacté par cette décision municipale : « S’il nous enlève 10 % à 70 000 euros, il ne nous restera plus grand-chose… car nous sommes liés à une convention multipartite. Du fait de notre label CDC (Centre de développement chorégraphique), si l’un des acteurs institutionnels baisse la subvention, les trois autres tutelles, Région, Département et État, devraient le faire d’autant », précise le directeur du CDC Les Hivernales. »
Du côté du CDC Les Hivernales justement, on pouvait lire sur la page Facebook de son directeur, Emmanuel Serafini, le 16 décembre ceci : « (...) aujourd'hui j'ai appris que la modeste aide supplémentaire que j'espérais de la Ville - pensez, 5 000 euros après une stagnation de l'aide de la Ville depuis 2012... Et bien la Ville d'Avignon n'a pas 5 000 euros pour un Établissement comme le notre... Qui peut le croire ? La vérité c'est qu'il n'y a pas la volonté, pas un manque de moyens, non : la volonté de soutenir une initiative qui résiste dans une précarité connue de tous... JUSTICE ! » Il ajoute :« "maintenir c'est soutenir" m'a t-on dit... Un rêve, un songe... »
Il n'est pas inutile de rappeler l'histoire récente de la structure, telle que la présente son directeur dans une récente interview : « Lorsque j’ai été nommé à la direction du CDC, en 2009, la situation économique était très fragile. Il y avait un déficit chronique de la structure. Les pouvoirs publics ne faisaient rien et encore une fois, l’équipe d’Amélie Grand [fondatrice] a tout fait pour éviter l’effondrement et chaque dépense a été faite en direction de l’artistique. À mon arrivée, les demandes de la part des pouvoirs publics sont claires : il faut licencier. Or, cela va l’encontre des missions car pour développer, il faut une équipe solide. Donc, mon premier travail est de garder une équipe, ce que j’arrive à faire. Il a fallut se battre, se renouveler pour montrer notre existence, pour sortir de notre délicate situation. Fin 2013, grâce aux efforts de l’équipe, grâce aux efforts des artistes qui se sont investis dans des projets et qui n’ont pas été tout à fait rémunérés à la hauteur de leurs demandes, la structure est sortie de la mauvaise impasse. Redresser une structure, cela prend du temps et ce temps est incompressible. » (OuvertauxPublics)
(1) Avignon, Le Pontet, Morières-lès-Avignon, Saint-Saturnin-lès-Avignon, Caumont-sur-Durance, Villeneuve-lez-Avignon, Vedène, Jonquerettes, Les Angles, Rochefort-du-Gard, Velleron, Saze, Entraigues-sur-la-Sorgues, Sauveterre et Pujaut.
Fabien Rivière
EXTRAITs - Interview du maire d'Avignon
La baisse des dotations de l’État vous oblige à prendre une posture assez radicale, comment allez-vous l’expliquer aux acteurs culturels ?
“Ce n’est pas radical, c’est responsable. Je dois faire face aux contraintes budgétaires et je veux tenir aux acteurs culturels un langage de vérité. Le contexte politique fait que les finances publiques se font plus rares et doit amener les structures culturelles à être plus inventives sur du partenariat, de la mutualisation, du mécénat, des financements européens. Et puis ces structures, surtout les plus importantes, pourraient faire comme je le fais pour la Ville, réfléchir à des économies de budget de fonctionnement pour dégager une marge d’économie et ne pas toucher à leur projet artistique. C’est ce que je fais à la mairie et en 2015 nous pourrons faire 5 % d’économies”. (...)
"Je dégage des priorités politiques sur mon mandat comme le travail envers les jeunes publics et l’itinérance dans les quartiers. Les associations qui travailleront dans ce sens seront plus aidées, c’est une position politique".