jeudi 19 mars 2015

Décès du philosophe Michel Bernard, fondateur du département Danse de l'Université Paris 8 Saint-Denis, à 88 ans

Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis (93), France
Le département Danse en deuil
Mort de Michel Bernard ce 17 mars 2015

Michel Bernard, philosophe par tous les pores de sa peau, interrogeant inlassablement l'expressivité du corps et ce qu’il appelait « la corporéité dansante », fut depuis plus de trente ans obstinément et passionnément curieux de danse contemporaine. Spectateur inlassable, ami de très nombreux danseurs et chorégraphes, professeur généreux et exigeant, étranger à toute côterie et snobisme, auteur d’une pensée aussi érudite que prolixe, aussi rigoureuse que soucieuse d’être au plus près de l’expérience en danse et de ses métamorphoses, il fut notre élan fondateur et vital.

Agrégé de philosophie et docteur d’Etat, il fit une carrière nomade. Durant huit ans, comme enseignant de philosophie à l’ENSEP [École normale d'éducation physique, fondée en 1933], il forma d’abord des sportifs de haut niveau à l’esprit critique en psychopédagogie (1960-1968). De 1968 à 1984 il enseigna au département de philosophie de l’université de Nanterre, puis à l’université d’Avignon durant trois ans pendant lesquels il fonda un Institut de Recherches sur les Arts du Spectacle (1984-1987).

Enfin, accueilli par le département Théâtre de l’Université de Paris 8, il créa le département Danse en 1989, six ans avant son départ à la retraite. Contre vents et marées, de manière visionnaire, il conçut ce département avec un collectif de danseurs et chercheurs, et le voulut au service des artistes et des chercheurs en danse. Inauguré par l’artiste Trisha Brown, une des sources essentielles de sa philosophie de la danse, son projet autant pédagogique que philosophique, a profondément déplacé la relation entre la danse contemporaine et la recherche à l’université.

Outre son petit ouvrage fort connu, Le corps, (Points Seuil en 1995), sa thèse importante sur L’expressité du corps, Recherches sur les fondements de la théâtralité (publiée dès 1976), sa Critique des fondements de l'éducation ou généalogie du pouvoir et/ou de l'impouvoir d'un discours (1988), il rassemblait ses articles essentiels sur la danse contemporaine dans De la création chorégraphique (2001). Encore très actif, il venait de publier une Généalogie du jugement critique, suivi de Considérations intempestives sur les dérives actuelles de quelques arts, en 2011.

Son efficace utopie, son caractère intempestif, son goût radical pour ce qu’il aimait appeler “l’activité fictionnaire du travail de la sensation”, nous a permis à tous comme à chacun, singulièrement, d’être là où nous sommes aujourd’hui.

Encore merci à lui, et à Gilberte, sa femme, qui accompagna sans faille cette vitalité.

Les obsèques auront lieu ce samedi 21 mars à 14 h à l'église de Pinet d'Uriage, route de Pinet - D280 (à deux pas de la route d'Allevard) [ville de Saint-Martin-d'Uriage] en Isère (38). sud-est de Grenoble

Les enseignants-chercheurs du département Danse, Isabelle Ginot, Hubert Godard, Mahalia Lassibille, Isabelle Launay, Sylviane Pagès, Julie Perrin, Christine Roquet. Et Joana Roy, coordinatrice du département Danse. 

Source : Paris 8 Danse <paris8danse@univ-paris8.fr>        Portrait de Michel Bernard, Photo DR

Église de Pinet d'Uriage, Photo DR

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