Retour à Berratham, d'Angelin Preljocaj, première représentation du 17 juillet 2015 -
(photos 2 et 4) dessins du scénographe Adel Abdessemed - dossier de presse donné aux journalistes, Photos Fabien Rivière ©
« C'est consternant ! », crie une spectatrice, quand le noir survient à la toute fin de la première de Retour à Berratham d'Angelin Preljocaj. Nous sommes dans la Cour d'honneur du Palais des Papes dans le cadre du Festival d'Avignon. Des huées nourries suivent, de toute la salle, puis des applaudissements, de même. Un accueil assez frais a ainsi été réservé à la création du chorégraphe français basé à Aix-en-Provence où il dirige une troupe de 24 danseurs permanents.
Que s'est-il donc passé ? Angelin Preljocaj a renouvelé sa collaboration avec l'écrivain français Laurent Mauvignier, à qui il a commandé un texte, donnant la consigne d'une « tragédie épique contemporaine ». Le texte a paru le 4 juin aux éditions de Minuit sous le même titre. La première rencontre avait donné Ce que j'appelle oubli, en 2012.
Quatorze interprètes investissent la scène, dont trois comédiens (Niels Schneider, Laurent Cazenave, déjà présent dans Ce que j'appelle oubli, et la suédoise Emma Gustafsson). Le texte est dit principalement par eux, mais aussi sporadiquement par les danseurs. Tous portant un micro cravate. Or, seul Niels Schneider est audible. Laurent Cazenave est plus en retrait, Emma Gustafsson plus atone, son accent n'arrangeant rien. On ne comprend le texte que de façon irrégulière, et, pour notre part, l'histoire nous est apparue incompréhensible malgré le fait que nous étions au 4° rang, sinon que c'est la guerre. Interrogeant des spectateurs au hasard à la sortie, la plupart confiaient n'avoir rien compris, à deux exceptions.
Quatorze interprètes investissent la scène, dont trois comédiens (Niels Schneider, Laurent Cazenave, déjà présent dans Ce que j'appelle oubli, et la suédoise Emma Gustafsson). Le texte est dit principalement par eux, mais aussi sporadiquement par les danseurs. Tous portant un micro cravate. Or, seul Niels Schneider est audible. Laurent Cazenave est plus en retrait, Emma Gustafsson plus atone, son accent n'arrangeant rien. On ne comprend le texte que de façon irrégulière, et, pour notre part, l'histoire nous est apparue incompréhensible malgré le fait que nous étions au 4° rang, sinon que c'est la guerre. Interrogeant des spectateurs au hasard à la sortie, la plupart confiaient n'avoir rien compris, à deux exceptions.
"Ça parle" pratiquement sans discontinuer durant 1h45, le théâtre écrasant malheureusement la danse.
La scénographie a été confiée au plasticien franco-algérien Adel Abdessemed, dont le travail a été récemment montré au Centre Pompidou Paris, qui propose un no-man's land : un grillage en fond de plateau, qui se poursuit sur la droite et la gauche de la scène, au fond à gauche une carcasse calcinée noire de voiture, au fond à droite une autre carcasse calcinée noire, entre les deux des sacs poubelles noirs.
Le statut de la femme pose question : elles sont le plus souvent habillées en gentilles robes, les hommes étant en pantalons, dans une stricte, et triste, division des rôles sexués. Elle sont infériorisées. On nous objectera que c'est l'histoire et le lieu supposé (l'Europe centrale), qui exigent cela. Nous n'en sommes pas sûrs. La scène de sexe est ainsi franchement peu ragoûtante, avec des femmes objets manipulées, alors que la "voix off" dit autre chose, parlant d'un homme tremblant...
Nous avons récemment découvert, en juin au Théâtre de la Ville (Paris), la nouvelle création de la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker - Compagnie Rosas, Golden Hours (as you like it) (site), qui travaille avec le morceau Golden Hours, extrait de l'album Another Green World de Brian Eno sorti en 1975 et As You Like It (Comme il vous plaira) de William Shakespeare. Chaque mot, et même chaque syllabe d'un mot a son équivalent corporel et dansé. Pour un résultat exceptionnel. À l'exact opposé du théâtre poussiéreux d'Angelin Preljocaj qui donne le sentiment d'ignorer toutes les recherches théâtrales mondiales les plus passionnantes existantes depuis 50 ans.
Le statut de la femme pose question : elles sont le plus souvent habillées en gentilles robes, les hommes étant en pantalons, dans une stricte, et triste, division des rôles sexués. Elle sont infériorisées. On nous objectera que c'est l'histoire et le lieu supposé (l'Europe centrale), qui exigent cela. Nous n'en sommes pas sûrs. La scène de sexe est ainsi franchement peu ragoûtante, avec des femmes objets manipulées, alors que la "voix off" dit autre chose, parlant d'un homme tremblant...
Nous avons récemment découvert, en juin au Théâtre de la Ville (Paris), la nouvelle création de la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker - Compagnie Rosas, Golden Hours (as you like it) (site), qui travaille avec le morceau Golden Hours, extrait de l'album Another Green World de Brian Eno sorti en 1975 et As You Like It (Comme il vous plaira) de William Shakespeare. Chaque mot, et même chaque syllabe d'un mot a son équivalent corporel et dansé. Pour un résultat exceptionnel. À l'exact opposé du théâtre poussiéreux d'Angelin Preljocaj qui donne le sentiment d'ignorer toutes les recherches théâtrales mondiales les plus passionnantes existantes depuis 50 ans.
Fabien Rivière
Retour à Berratham, d'Angelin Preljocaj, Festival d'Avignon - In, Cour d'honneur du Palais des Papes, du 17 au 25 juillet 2015 (8 représentations). Site
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