Je n'ai pas été déçu de mon premier déplacement au Centre national de la danse (CND) de Pantin pour son week-end de début de saison nommé Ouverture, les 3 et 4 octobre. Un festival. Mais pas celui escompté.
Très vite cela se passe mal. On doit noter que les problèmes ne viendront pas des employés habituels du CND qui sont professionnels et sympapthiques. Mais bien de ses (nouveaux) "responsables". Le premier [1] me saisit l'avant-bras gauche pour que je n'entre pas dans l'espace d'un solo qui vient de débuter de Trajal Harrell, devant la porte d'un ancien bureau du rez-de-chaussée reconverti en salle de spectacle éphémère. On me saisit le bras avant de me parler. Il faut voir le visage méprisant de cet individu. Le ton est peu aimable. Je ne pense pas que je gênais.
Puis, on [2] me pousse au niveau de l'arrière de l'épaule gauche, vers l'avant. Je me retourne et indique vivement que cela ne se fait pas. La mine de ce deuxième individu est patibulaire. Il ne parle pas ni ne s'excuse. Il s'agissait de me faire entrer plus vite dans la même salle.
Dans la petite salle, je suis debout, derrière les gradins, derrière tout le monde. À gauche. Cela me convient. La vue me convient. Mais un troisième individu [3] me dit-ordonne de venir au centre, car on y voit mieux, dit-il. Pour ne pas gêner des spectateurs je suis obligé de m'installer au niveau du sol. Mais on n'y voit rien.
Je décide de bouger de nouveau, à droite cette fois-ci, derrière tout le monde de nouveau. C'est sans compter sur un quatrième individu [4] qui me dit-ordonne de venir au centre, car on y voit mieux, dit-il.
Je décide alors, librement cette fois-ci, de sortir de la salle, en claquant la porte.
Je vais au premier étage. L'ambiance est paisible. Les deux femmes du stand du site de vente d'ouvrages de danse et de performance par internet, Books on the Move, me sourient. Le jeune homme chargé du vestiaire me sourit aussi. Au rez-de-chaussée tous les "responsables" faisaient une tête sinistre.
Au loin, le deuxième individu et un responsable [5] me regardent en rigolant.
Au loin, le deuxième individu et un responsable [5] me regardent en rigolant.
Jamais depuis l'ouverture du Centre national de la danse en 2001, et sous ses deux précédentes directions, je n'ai eu à subir de tels comportements. Où est-on ? Un asile de fous ? De quoi s'occupent tous ces gens ? Et si on fichait la paix à la Presse (1) ? Pour toujours ? Est-ce trop demander ?
Il serait bon que la nouvelle directrice du lieu resserre les boulons au plus vite. Car c'est très inquiétant pour l'avenir. Il y a là-dedans une très grande violence qu'il serait bon de contrôler.
Je suis rapidement ressorti. En regagnant Paris par la Gare du nord, je respirais enfin. Dans la vaste salle des échanges qui relie les différentes lignes de métro, de RER et les trains en surface, dans le flux de mouvements de nombreuses personnes, je me disais qu'avec de tels comportements la danse contemporaine méritait bien sa position d'art minoritaire. Qu'elle le resterait toujours. La brutalité, l'arrogance et la détestation de l'autre ne sont pas des comportements dignes d'une République (et d'un établissement financé par des fonds publics). C'est la Monarchie. C'est la Cour. C'est la définition de la Fermeture.
Fabien Rivière
(1) Dans ce domaine, il y a peu d'espoirs à avoir. Le CND vient en effet de confier ses relations avec la Presse à une boîte privée extérieure, Myra (pour quel montant ?). Pourtant connu et reconnu, le critique et fondateur de la revue Mouvement Jean-Marc Adolphe a dû dans le passé affronter la violence d'un des fondateurs de cette agence, Yannick Dufour. Mouvement écrivait alors :
Jean-Marc Adolphe n'a jamais reçu d'excuses.
Jean-Marc Adolphe, directeur de la publication de la revue Mouvement, assiste avec sa compagne, ses enfants et quelques amis, Carrière Boulbon, à la « générale » du spectacle d’Israel Galvan [dans le cadre du festival d'Avignon - In], après lui en avoir demandé l’autorisation, confirmée par la chargée de production d’Israel Galvan, Catherine Serdinet. Jean-Marc Adolphe ne filme ni ne prend de notes. Cependant, à l’issue des quelques séquences accordées par Israel Galvan aux photographes et télévisions, Yannick Dufour, employé au service de presse du Festival d’Avignon, monte dans les gradins, et s’adresse sur un ton véhément à Jean-Marc Adolphe, lui demandant de sortir sur le champ : « Vous êtes journaliste, vous n’avez pas le droit d’être ici ! » Jean-Marc Adolphe précise qu’il vient voir le spectacle le lendemain ; qu’il n’assiste pas à cette générale en tant que journaliste, mais en tant qu’ami personnel d’Israel Galvan, qui y a consenti. Yannick Dufour affirme alors : « Ici, ça n’est pas possible. Vous êtes journaliste ; il vous fallait demander une autorisation spéciale au service de presse du Festival d’Avignon. » Jean-Marc Adolphe répète qu’il n’assiste pas à cette générale en tant que journaliste et qu’il ne voit pas, dans ces conditions, la nécessité de demander une « autorisation spéciale ». Sur un ton de plus en plus véhément, Yannick Dufour demande à Jean-Marc Adolphe de « sortir ». Jean-Marc Adolphe refuse et prie Yannick Dufour de faire appel aux forces de sécurité s’il veut l’obliger à sortir. (publié le vendredi 17 juillet 2009)
[1] Responsable Communication.
[2] Responsable du Pôle Création, production et activités internationales.
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[5] Directeur du Pôle Création, production et activités internationales.
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