vendredi 5 février 2016

Yoga - Ian Derry, "Felix"

 January 18, 2016

Felix

Pushing the boundaries of flexibility through extreme yoga

London-based instructor Felix Price fuses ancient and modern yogic practices with weight training, calisthenics and martial arts in a delicate balance that aids practitioners' search for inner peace. Here, British photographer Ian Derry captures a quiet portrait of the tutor pushing his flexible form to the limit.

jeudi 4 février 2016

Danse - « Colère » contre la non revalorisation de la subvention Accueil-studio. Les enjeux

Photo Fabien Rivière ©

Nous publions ci-dessous un courrier envoyé le 17 décembre 2015 à la Ministre de la Culture et de la Communication par l'Association des centres chorégraphiques nationaux (ACCN) et l'Association des Centres de développement chorégraphique (L'A-CDC). Les deux associations viennent d'apprendre que le montant de la subvention «Accueil-studio» que reçoivent les CCN et les CDC pour accueillir les compagnies indépendantes, ne sera pas revalorisé, contrairement à ce qui avait été promis. Le montant de 45.000 € n'a pas augmenté depuis 1998, c'est-à-dire depuis 18 ans. 

Annuler une mesure annoncée depuis des mois est une décision étrange. Comme le fait que depuis 18 ans le montant de 45.000 € n'ait pas suivi au moins l'évolution de l'inflation. 

Évolution de l'inflation en France de 1999 à 2014, Source Insee

Évolution du montant annuel de la subvention «Accueil-studio» si elle tenait 
compte de l'inflation, Mis au point par Espaces Magnétiques

Les deux tableaux ci-dessus montrent que si la subvention annuelle «Accueil-studio» ne suivait ne serait-ce que l'inflation, elle serait non plus de 45.000 € mais bien en 2014 de 57.534,73  €.

Par ailleurs, on notera que les compagnies indépendantes ne sont pas associées à la signature du texte. Il n'existe d'ailleurs pas de regroupement/s de compagnies indépendantes. 

Ce courrier peut faire penser que l'«Accueil-studio» est (et doit être) l'alpha et l'oméga de l'aide aux compagnies indépendantes. Il faut dire que les CCN pratiquent ces derniers temps un lobbying intense en direction du Ministère de la culture et de la communication afin de pouvoir exercer une emprise incontournable sur le milieu (cf. notre Le coup de force des centres chorégraphiques). Mais quel bilan tirer des aides directes de l'État aux compagnies ? Comment ont-elles évoluées depuis vingt ans ? Et où en est l'aide (co-production et achat) des théâtres ? L'absence de données publiques, exhaustives, fiables, partagées et discutées n'aide pas à y voir clair et à définir des actions. 

Le constat général est celui d'un délitement général et constant des aides financières, dans l'indifférence des autorités politiques nationales comme locales. Sans mobilisation collective contre ce déclin. La politisation est faible voire inexistante. 

Cette misère est rendue possible par le discours politique qui parle de « déficits publics » à combler comme d'une réalité alors qu'il s'agit en fait d'un discours idéologique ultra-libéral, et, maintenant, de guerre sans fin contre le terrorisme (et des moyens alloués pour y faire face). Concrètement, en avril 2014, un « plan d'économies de 50 milliards » a été annoncé par le gouvernement (cf. Le Monde), dont 11 milliards concernent les collectivités locales. La baisse de la dotation globale de fonctionnement (DGF) de l'État aux collectivités locales en 2015 (cf. Le Monde) est sensible. Elle a eu pour conséquence une baisse du budget de la Culture de ces dernières, par exemple à Lyon de 7 millions (cf. notre article), Toulouse (idem) et le département de l'Allier (idem). 

On ne doit pas oublier que les « déficits publics » sont creusés en grande partie par la fraude fiscale et l'évasion fiscale. Ainsi, « Le syndicat Solidaires-Finances publiques estime que le montant de la fraude fiscale se situe dans une fourchette de 60 à 80 milliards d'euros pour la France. Des chiffres repris à son compte en 2013 par Bernard Cazeneuve, alors ministre du Budget. Dans un rapport d'information sur la lutte contre les paradis fiscaux, les deux députés Alain Bocquet (PCF) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) écrivaient également, fin 2013, que la fraude fiscale entraînait un manque à gagner de 60 à 80 milliards d'euros par an.  Une somme conséquente puisque le déficit de l'Etat s'est élevé à 85,6 milliards d'euros en 2014, selon Bercy.» (cf. Le JDD) (On peut aussi lire l'ouvrage instructif d'Alexis Spire, Faibles et puissants face à l'impôt ici

Le renoncement s'inscrit dans les esprits qui l'intériorisent comme une fatalité. Mieux, si l'on peut dire, l'évocation de la dimension économique et politique de la situation, — en parlant par exemple de mutation du capitalisme, d'un capitalisme fordiste à un capitalisme actionnarial — lors de rencontres professionnelles provoque une réaction très agressive de dénégation, alors qu'il s'agit simplement de la réalité économique. Cela dit, cette réaction ne peut que satisfaire le/s politique/s puisqu'elle affaiblit les milieux culturels et singulièrement la danse dans leurs négociations pour la défense de leurs légitimes intérêts. Ainsi, la danse pratique l'art de se tirer une balle dans le pied.  
Fabien Rivière
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Madame Fleur Pellerin
Ministre de la Culture et de la Communication 
3 rue de Valois
75001 Paris

copie à

Monsieur Fabrice Bakhouche, Directeur de cabinet, ministère de la Culture et de la Communication,

Monsieur Laurent Dréano, conseiller chargé du spectacle vivant, de la musique et des arts plastiques, cabinet du ministère de la Culture et de la Communication,

Monsieur Michel Orier, Directeur Général de la Création Artistique

Madame Marie-Christiane de la Conté, Présidente de l’Association des Directeurs Régionaux des Affaires Culturelles

Madame Vanessa Charles, Déléguée adjointe à la Danse

Monsieur Stéphane Werchowski, Président de l’Association des Conseillers Danse et Musique des DRAC

Madame Madeleine Louarn, Présidente du SYNDEAC
Monsieur Frédéric Pérouchine, Président de LAPAS / L’Association des Professionnels de l’Administration du Spectacle
Monsieur Jean-Christophe Bleton, co-président du Syndicat Chorégraphes Associés



Paris, le 17 décembre 2015

Madame la Ministre,

Nous venons d’apprendre que la revalorisation de la subvention «accueil-studio» pour les Centres chorégraphiques nationaux et les Centres de développement chorégraphique, n’a pas été prise en compte dans les mesures nouvelles arbitrées par la DGCA.

Nous sommes stupéfaits et en colère.
Nous défendons auprès de vos services depuis de longues années cette mesure absolument essentielle pour l’ensemble du secteur chorégraphique, et particulièrement pour les artistes émergents et les équipes indépendantes, que nos deux réseaux accompagnent.
Nous avons eu l’occasion de vous dire à quel point ces soutiens constituent aujourd’hui un maillon fort et indispensable de la chaîne de production et de diffusion des œuvres chorégraphiques, jusqu’à leur accessibilité la plus large. Lors d’un rendez vous avec l’ACCN le 30 janvier dernier, vous êtes convenue que cette mesure de 45.000 euros, qui n’a jamais été réévaluée depuis sa création en 1998, se devait d’être renforcée.
Enfin, nous avons largement pu débattre avec vos services de cet « effet levier », extrêmement porteur pour l’ensemble du champ chorégraphique.

Le directeur général de la création artistique avait considéré, au cours de nos derniers échanges, la mise en œuvre de cette mesure comme nécessaire à l’égard du secteur indépendant et de la vitalité de nos maisons.

Par ailleurs, cette nouvelle vient contester les axes que vous avez annoncés en septembre dernier en faveur de la danse.
Elle vient également contredire les indications qui nous ont été transmises par nos DRAC, émanant des préconisations de la DGCA, nous incitant à inscrire dans nos budgets prévisionnels 2016 cette augmentation. Pour la plupart d’entre nous, ces budgets ont été votés en conseil d’administration, et portés à la connaissance de nos partenaires locaux, qui ont par ailleurs salué cette mesure nécessaire.

Nous ne pouvons accepter un tel recul aujourd’hui. C’est l’ensemble du champ chorégraphique, dont la fragilité ne cesse de s’accroître, qui va en pâtir.

En ce sens, Madame la Ministre, nous vous demandons solennellement de veiller au rétablissement de cette mesure permettant l’augmentation du montant actuel du dispositif « accueil-studio ». Nous demandons également à pouvoir vous rencontrer en urgence.

En vous remerciant de l’attention que vous porterez à notre grande inquiétude, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre haute considération.

Pour l’ACCN, Emmanuelle Vo-Dinh, Présidente 
Pour l’A-CDC, Stephan Lauret, Président

mardi 2 février 2016

Le Ballet de Lorraine se plie en six à Chaillot

Que penser des deux programmes distincts du Centre Chorégraphique National - Ballet de Lorraine (ou CCN - Ballet de Lorraine), présentés au Théâtre national de Chaillot chacun trois jours la première quinzaine de janvier ?

Sans doute pas grand-chose. 

PREMIER PROGRAMME

 Relâche, Photo Laurent Philippe.

La première semaine  trois pièces se sont succédées : de Petter Jacobsson & Thomas Caley, — les deux responsables du Ballet de Lorraine, — Noé Soulier et Merce Cunningham : deux anciens, un petit jeune et un génie disparu. Le duo remontait le fort bon Relâche (1924, 41 minutes) de Francis Picabia (conception), Erik Satie (musique), Jean Börlin (chorégraphie) et René Clair pour un film en noir et blanc succulent. Mais était-il pertinent de truffer la salle de faux mécontents huants le film au nom de la reconstitution historique ? 

Corps de Ballet (2014, 26 mn.) de Noé Soulier développe une idée simple : un ballet avec des pas de danse classique (pour l’essentiel), sans continuités, comme découpés. Les danseurs sont ainsi installés un peu partout dans l’espace, comme jetés en vrac, et exécutent les mouvements. D'où le sentiment d’un parfait foutoir. 

L'idée se développe si l’on veut, mais ne tient pas vraiment la route. C'est qu'une idée (ou, au mieux, un processus) n'a pas suffisamment de consistance pour constituer un projet, sinon une pensée (entendue au sens large du mélange entre le sensible et l’intellect).  

Sounddance, de Merce Cunningham, Photo Laurent Philippe.

Quant à Sounddance (1975, 17 mn.), de Merce Cunningham (1919 - 2009), avec sa tenture dorée qui tombe d’un panneau plutôt en fond de plateau qui occupe la plus grande partie de la largeur de la scène et ouverte en son milieu d’où sortent et disparaissent les danseurs on peut dire tranquillement que l’interprétation n’est pas à la hauteur. Faute d’avoir intégré l’organicité Cunninghamienne si particulière, les interprètes sont raides. On confond aussi vitesse et précipitation. Et, est-ce la faute aux lumières ou aux costumes, mais l’effet poutre apparente pour certains danseurs laisse perplexe. Et non, ce n’est pas compatible avec Cunningham ! :) 

SECOND PROGRAMME

La seconde semaine trois autres pièces furent proposées : de Mathilde Monnier, Alban Richard, — qui a été nommé il y a peu à la direction du Centre chorégraphique national de Caen ICI — et Cecilia Bengolea & François Chaignaud. Les quatre chorégraphes donnent le sentiment d’être tous tombés dans le même panneau de l’idée qui n’arrive pas à devenir un projet. 

Fallait-il reprendre Rose, de Mathilde Monnier, création de 2001 pour le Ballet Royal de Suède devenue Rose - variation (2014, 35 mn.) ? D’un point de vue artistique la réponse est clairement non. D’un point de vue stratégique (ou de pouvoir), la réponse est oui, puisque Mathilde Monnier est la directrice du Centre national de la danse, qui, par pur hasard, a programmé un samedi après-midi de janvier de 14h à 18h30 dans ses murs le Ballet de Lorraine. Et l'actuel patron de Chaillot a précédé à la direction du Ballet de Lorraine l'actuel duo. Passé l’effet de la couleur rose généralisée sur le plateau, il n’y a pas beaucoup de travail proprement corporel sinon chorégraphique. D’où cet échange (véridique) entre deux critiques de danse à l’issue de la pièce, lors de l’entracte. « Tu en penses quoi ? » dit-l’un. « [À propos de Mathilde Monnier] Feignasse ! », répond l’autre. « C’est exactement à cet adjectif auquel j’ai pensé ! » réagit le premier. Franchise de l’oralité. 

Avec HOK solo pour ensemble (2015, 25 mn.) Alban Richard travaille l’idée de mécanique. Sauf que, au-delà des différences, il nous semble que Insurrection, pièce de 1989 d’Odile Duboc, défendait avec force et pertinence une véritable pensée sur le pouvoir (dans la danse), à partir de l’idée de mécanique, et avec (notamment) des ensembles (dansés). 

Devoted, de Cecilia Bengolea & François Chaignaud, Photo Arno Paul.

Devoted (2015, 25 mn.), de Cecilia Bengolea & François Chaignaud entend rendre compte de la dévotion de la danseuse classique pour les pointes, d’où le titre. Sauf que faire tourner comme des toupies les danseuses, en grande partie, dans des diagonales qui se veulent  furieuses, n’est pas suffisant à faire une œuvre. 

LES PROGRAMMES DE SALLE

Les deux programmes de salle font preuve de beaucoup d'imagination : avec Noé Soulier, « Les danseurs exécutent tous les pas de la danse classique par ordre alphabétique. » La pièce de Cunningham, « Sounddance (1975) pourrait être considérée comme l’une des pièces de Merce Cunningham les plus aimées des spectateurs et des critiques ! » « La pièce [de Mathilde Monnier] déconstruit le vocabulaire du ballet classique. » « Alban Richard a su dès ses premières pièces pétrir les corps pour en faire gonfler et croiser les strates, éclater les bulles, saillir les rythmes. » Le duo Bengolea - Chaignaud affirme : « Nous voulons créer une continuité entre le passé classique et moderne et notre temps, des lignes de fuite vers le passé et de spéculation vers le futur. »

UN PLAN B 

Sur le site du Ballet de Lorraine on trouve cependant l'ensemble des œuvres au répertoire de cette troupe ICI, dont trois pièces de William Forsythe (Duo, The Vertiginous Thrill of Exactitude et Steptext), Opal Loop / Cloud Installation #72503 de Trisha Brown, EEEXEEECUUUUTIOOOOONS!!! de la chorégraphe espagnole installée à Genève La Ribot et SHOWROOMDUMMIES#3 de Gisèle Vienne et Etienne Bideau-Rey. Pourquoi s'être passé de ces talents ? 
Fabien Rivière

La Cinémathèque française maltraite ses employés


Le jour de la passation de pouvoir entre l'ancien directeur de la Cinémathèque française depuis 2003, Serge Toubiana, et le nouveau, Frédéric Bonnaud, ce 1er février, est mis en ligne la lettre filmée d'une étudiante et ex-employée qui dénonce les conditions de travail des personnels d'accueil de l'institution.

Outre les effets de la sous-traitance d'emplois d'une institution publique à une boite privée, ce qui frappe c'est aussi le règne de la loi du silence et l'indifférence cynique du directeur "de gauche" comme de la direction. Est-ce aussi révélateur d'un certain état du monde du travail dans la Culture ?    
Fabien Rivière 
LIRE Libération - NEXT  (avec la vidéo)

Le chorégraphe Murray Louis meurt à 89 ans


Le chorégraphe Murray Louis est mort chez lui ce lundi à New York à 89 ans. Il a été le collaborateur et compagnon d'Alwin Nikolais (1910 - 1993) pendant plus de 40 ans. Photo New York Times  

ARTICLE du New York Times. ICI
Nikolais / Louis Foundation for Dance, Inc. ICI
Grande Leçon de danse, par Murray Louis, Théâtre de la Ville, Paris, 2004. ICI    

lundi 1 février 2016

Katalin Patkaï avec Ernesto Boiffier Patkaï, HS

Katalin Patkaï présente HS, un duo qu'elle interprète avec son fils, Ernesto Boiffier Patkaï, au Générateur à Gentilly (94), les lundi 8 et mardi 9 février 2016 à 20h, dans le cadre du Festival Faits d'hiver. Photo Le Générateur En savoir +
(ci-dessous) En rouge, le Générateur, à Gentilly.

Danse - Hommage au philosophe Michel Bernard

Michel Bernard, Photo DR

Michel Bernard, philosophe par tous les pores de sa peau, interrogeant inlassablement l’expressivité du corps et ce qu’il appelait « la corporéité dansante », fut depuis plus de trente ans obstinément et passionnément curieux de danse contemporaine. Spectateur inlassable, ami de très nombreux danseurs et chorégraphes, professeur généreux et exigeant, il fut l’élan fondateur et vital du département Danse de l’Université Paris 8 Vincennes-St Denis. 

Depuis son enseignement de philosophie à l’ENSEP où il forma des sportifs de haut niveau à l’esprit critique en psychopédagogie (1960-1968) puis à l’Université de Paris 10 Nanterre (en Philosophie) au département de Théâtre et jusqu’à la création du Département Danse en 1989 à Paris 8, son efficace utopie, son caractère intempestif, son goût radical pour ce qu’il aimait appeler “l’activité fictionnaire du travail de la sensation”, nous a permis à tous comme à chacun d’être là où nous sommes aujourd’hui.

Artistes, collègues, étudiant(e)s, ami(e)s et membres de sa famille, nous lui rendrons hommage le vendredi 12 février 2016 au Centre National de la Danse.

( LIRE NOTRE  Décès du philosophe Michel Bernard, fondateur du département Danse de l'Université Paris 8 Saint-Denis, à 88 ans ICI )

    « L’imaginaire est dans la sensation » Hommage à Michel Bernard   
Vendredi 12 Février 2016 - 17h

Programme de la soirée : 

— AUTOUR DE LA PENSÉE PHILOSOPHIQUE DE MICHEL BERNARD 
17h-18h30 (salle de projection)
Table Ronde. Avec J.-Marie Brohm, Katharina Van Dyk, Paule Gioffredi

— HOMMAGE À MICHEL BERNARD
19h-20h30 (Grand studio)
Introduction musicale, prises de paroles, actes chorégraphiques, témoignages, archives sonores de ses cours, extraits de films...

— À partir de 21h00 (salle de réception)
Buffet de l’amitié

Centre national de la danse, Pantin (93)  
Réservation indispensable : 33 (0)1 41 83 98 98 ou reservation@cnd.fr