vendredi 29 juillet 2016

Exposition - MoMA (New York), « Lygia Clark: The Abandonment of Art, 1948 -1988 » + Livres & DVD

Lygia Clark: The Abandonment of Art, 1948–1988, May 10–August 24, 2014, The Museum of Modern Art (MoMA), New York (USA).
CATALOGUE :  ICI

PUBLICATION : 
Lygia Clark - Archive pour une œuvre-événement – Projet d’activation de la mémoire corporelle d’une trajectoire artistique et son contexte (coffret 10 DVD), par Suely Rolnik, Publié par Carta Blanca Editions, Paris, Diffusion Les Presses du réel, Dijon, 2011. ICI

EXPOSITION : 
Lygia Clark : de l'œuvre à l'événement. Nous sommes le moule. À vous de donner le souffle organisée par le Musée des Beaux-Arts de Nantes en 2005 et présentée l'année suivante, avec un nouveau montage, à la Pinacoteca do Estado de São Paulo.
CATALOGUE (Contributions de José Gil, Laurence Louppe, Hubert Godard, Pierre Fédida, Mário Pedrosa, Suely Rolnik, Corinne Diserens) : ICI 

mercredi 27 juillet 2016

Télévision - 1970 - Michel Descombey, « La danse des tee-shirts »


Émission : Dim, Dam, Dom - 29 juin 1970. Durée : 5 minutes et 31 secondes. 

Dim Dam Dom a été diffusée du 7 mars 1965 jusqu'en 1970 sur la deuxième chaîne de l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française). 

Résumé disponible sur le site de l'INA (Institut national de l'audiovisuel) : « Présentation de modèles de tee-shirts par des mannequins féminins sur une chorégraphie de Michel DESCOMBEY (chorégraphe, ancien directeur de la danse de l'opéra de Paris) [1930 - 2011]. Divers plans des mannequins courrant sur un échangeur d'autoroute porte de Bagnolet. Interview de Michel DESCOMBEY au volant d'une voiture décapotable sur le périphérique. Il parle de l'importance du thème dans le ballet. DP chorégraphie : ballet de cinq danseuses dansant sur le bord de l'autoroute (apparition de panneaux colorés avec l'inscription Tee-shirt) sur une musique de tam-tams. Suite de l'interview sur le bord de la route : pourquoi quitte-t-il la France pour l'opéra de Zurich ? Autres images de la chorégraphie des T-shirts. Strip-tease d'une des mannequins qui retire des couches successives de tee-shirts pour terminer seins nus. »

Michel Descombey, Photo Capture d'écran Espaces Magnétiques

Remarque : La scène des T-Shirts peut faire penser au Shirtologie (1997) de Jérôme Bel (Photos). 

lundi 25 juillet 2016

Photos - Danse - Thierry Thieû Niang « Au coeur » de la jeunesse (Festival d'Avignon - In)

 

Au coeur, de Thierry Thieû Niang, collection Lambert, (photo du bas, de dos) Les saluts
Photos Fabien Rivière ©

Lors de l'édition 2016 du Festival d'Avignon le Français Thierry Thieû Niang a présenté sa nouvelle création, Au coeur, successivement à la Chapelle des Pénitents blancs, au Studio de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon et enfin dans une salle d'exposition de la Collection Lambert. C'est un travail avec un groupe de 13 enfants et adolescents de 8 à 18 ans et un musicien (viole de gambe). 
Qui sont les jeunes interprètes d’Au cœur ?
Thierry Thieû Niang : L’idée de ce groupe est née lors d’ateliers à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, avec des élèves de lycée. J’avais également travaillé avec un groupe d’enfants, plus jeune et mélangé, issu de la ville, des environs et d’associations, ou encore avec certains qui fréquentent les ateliers à la Collection Lambert. Je trouvais important que des enfants d’Avignon puissent aussi profiter du Festival, en être les acteurs. Le groupe est pluriel et composé de milieux et de cultures différents. Certains montent pour la première fois sur une scène quand d’autres ont déjà un rapport familier avec le Festival d’Avignon (...) (source : interview réalisée par Renan Benyamina  pour le Festival d'Avignon)
Des ateliers avec le groupe se sont déroulés en janvier, février, avril, mai, juin et juillet 2016 pour un total de 27 jours de recherche.  
Fabien Rivière

Au coeur, de Thierry Thieû Niang, Festival d'Avignon, Chapelle des Pénitents blancs (7, 8, 9 juillet), Studio de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon (15, 16, 17 juillet), Collection Lambert (21, 22, 23 juillet)SIte
TOURNÉE : 
— Du 18 au 20 novembre 2016 au Théâtre Gérard-Philipe (TGP) - Centre dramatique national de Saint-Denis (93). En savoir +
— Du 25 au 27 novembre 2016, Théâtre Paris-Villette - Scène contemporaine Jeunesse. En savoir + 
— Les 9 et 10 décembre 2016 au Viadanse - Centre chorégraphique national de Franche-Comté à Belfort. viadanse.com
—  Les 17 et 18 mai 2017 à Les 2 Scènes - Scène nationale de Besançon. En savoir +

dimanche 24 juillet 2016

Danse - Le « Babel 7.16 » contrasté de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet (Avignon - In)

 Babel 7.16 de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, Photo Fabien Rivière

Babel 7.16 du Flamand d'Anvers Sidi Larbi Cherkaoui et du Wallon Damien Jalet est proposé lors du Festival d'Avignon dans la Cour d'honneur du Palais des Papes. 

La danse est apparue dans ce lieu pour la première fois en 1966 avec Maurice Béjart présent quatre années de suite. Sous la direction d'Olivier Py, on a pu voir l'intéressant I Am du Samoan Lemi Ponifasio en 2014 et le raté Retour à Berratham du Français Angelin Preljocaj en 2015 (notre compte-rendu ICI). 

Dans la feuille de salle, Sidi Larbi Cherkaoui est décrit ainsi : « Flamand-marocain. Chorégraphe. Dessinateur. Végétalien. Homosexuel. Enfant des banlieues. Directeur artistique du Ballet royal de Flandres [depuis février 2015, basé à Anvers (Belgique)] et de sa compagnie Eastman [fondée en janvier 2010 à Anvers]. » Indiquer explicitement que l'on est homosexuel alors que le sujet demeure encore tabou dans la danse en France est un geste fort.  

Sidi Larbi Cherkaoui, Photo Koen Broos

Babel 7.16 est une reprise d'une pièce créée en 2010 sous le nom de Babel(words), montrée dans le monde entier, et remontée en trois semaines spécifiquement pour la Cour (il n'y aura pas de tournée). Les créateurs déclarent : « Nous avons dû adapter le spectacle à ce lieu immense. Nous avons changé les éclairages, rajouté 9 danseurs et un musicien. Nous serons donc 28 au lieu de 18. (...) L'espace est trois fois plus grand et ça a transformé la pièce ! », lui donnant « une autre lecture » (Le Dauphiné, 20 juillet) 

C'est aussi la troisième partie d'un triptyque débuté avec Foi en 2003 (« Le spectacle s'articule autour d’une question simple : en quoi croyez-vous ? ») et poursuivi avec Myth en 2007 (qui « relève plutôt du conflit psychologique »). Damien Jalet était alors seulement danseur.  

Le sens du nouveau titre est précisé dans la même feuille de salle : « L’extension du titre 7.16 a plusieurs références: les chiffres utilisés pour les logiciels, des versets bibliques, une date contemporaine. Pour mieux partager notre obsession numérologique, nous pouvons expliquer que si on assemble 7 et 16, ces chiffres forment le chiffre 5, en référence aux cinq lettres du mot Babel. La numérologie et la mythologique se rejoignent. Il existe un rapport logique dans toute chose. Pendant dix ans, nous avons effectué un travail de recherche sur la numérologie, la mythologie, les croyances, la tradition, l’étymologie. »

 Damien Jalet, Photo Koen Broos

À partir de la question des langues et des territoires, Babel 7.16 célèbre le meilleur de l'être humain, sa mobilité, sa capacité de collaboration avec ses semblables, son extraordinaire aptitude à entreprendre, sa vitalité. La gestuelle doit beaucoup aux arts martiaux même si les interprètes ont diverses formations, de la danse urbaine au hip hop, du flamenco au classique. Conscient des menaces, le ton demeure serein. C'est par l'humour que l'on souhaite faire passer ses réflexions. 

TED Fellowships to Attend a Conference in Vancouver
Bill Gates lors d'une Conférence TED

À plusieurs reprises un même interprète incarne un conférencier TED (pour Technology, Entertainment and Design), figure courante dans le monde anglo-saxon, où l'intervenant demeure debout seul face à l'auditoire sans notes, qui consiste à propager au niveau mondial par internet des idées jugées importantes au plus grand nombre d'une façon qui se veut la plus accessible possible. En ouverture, on apprend ainsi que les humains, avant de parler, communiquaient par gestes de façon fort subtiles, est évoqué l'histoire d'Avignon et l'importance de l'immigration qu'il faut respecter, on nous entretient des neurones miroirs et de la domination mondiale de l'anglais. 

Faut-il y voir un signe, mais le soir de la première, il se met soudain à pleuvoir une heure après le début de la représentation. Qui bascule sans crier gare. Une petite pluie fine, pendant dix minutes. « La danse contemporaine Belge » est nommément attaquée pour sa prétention intellectuelle. Un sauvage qui porte une peau de bête éructe, crache par terre, tripatouille les seins d'une danseuse, renifle son sexe et son cul et lui met la main aux fesses. Ce n'est pas très fin. Or, l'expression « La danse contemporaine Belge » ne veut rien dire. Il existe la danse flamande d'un côté, la danse wallonne de l'autre. Et, dans la danse flamande, celle qui est en fait visée, il est clair que la crudité de la scène ne réfère ni à Anne Teresa De Keersmaeker, ni à Wim Vandekeybus ou Alain Platel, mais bien uniquement à Jan Fabre. Mais jamais ce dernier n'a proposé de choses aussi vulgaires. Cherkaoui et Jalet règlent leurs comptes de façon peu élégante. Dans une interview datant de 2013 au sujet de Babel(words), Sidi Larbi Cherkaoui exposait de façon mesurée sinon prudente sa pensée : « Il y a certains travaux [en danse] des années 80 qui ont une propension très intellectuelle, ou un niveau de poésie qui va au-delà de la plupart des gens. Mais avec Babel, nous avons beaucoup d'humour, donc je pense que les gens pourront entrer en contact avec cette pièce. » (Metro, Nouvelle-Zélande ICI)

Puis, un personnage tape sur la psychanalyse d'une façon assez bête : « Ça coûte vraiment cher », « J'ai parlé [au psychanalyste] de notre sexualité (ton dégoûté), et de notre relation à nos parents ». Certes, nous n'ignorons pas les diverses attaques que cette discipline connaît depuis un certain temps et les critiques que l'on peut lui adresser. Mais dans ce domaine, le philosophe Gilles Deleuze et le psychanalyste Félix Guattari développent des analyses infiniment plus pertinentes que le duo Cherkaoui - Jalet.

On aura compris qu'à l'heureuse première heure succède quarante sept minutes plutôt faibles (la durée totale annoncée est d'1h40).  


Les deux complices Belges devraient modifier leurs lectures, faire cesser leur « obsession numérologique », ne plus célébrer béatement les neurosciences contre la psychanalyse, et comprendre pourquoi ils n'ont pas conçu de façon régulière des œuvres du niveau de celles d'Anne De Keersmaeker, Jan Fabre, Wim Vandekeybus, Alain Platel, Merce Cunningham, Pina Bausch, Trisha Brown et William Forsythe. Plutôt que de courir de par le monde, de compagnies en compagnies dans des temps de création finalement forts courts, Cherkaoui devrait enfin se concentrer sur sa compagnie et prendre le temps d'approfondir son travail (Anne Teresa De Keersmaeker a élaboré en un an son magnifique Golden Hours (As you like it) créé en 2015 avec un texte de Shakespeare et une musique de Brian Eno, et non six semaines ou un mois). 
Fabien Rivière

Babel 7.16, Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, Festival d'Avignon, Cour d'honneur du Palais des Papes, du 20 au 23 juillet. Site du Festival