Le chorégraphe Belge Thierry Smits présente Anima Ardens, pièce pour onze interprètes, depuis le 6 octobre jusqu'au 10 décembre dans le cadre de la programmation du Théâtre Varia - Centre dramatique de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Bruxelles (Belgique), hors les murs, dans le studio de sa compagnie, six semaines et pour 51 représentations, ce qui, en danse contemporaine est extraordinaire.
La veille de la première Thierry Smits expliquait que les trois mots clefs pour appréhender sa nouvelle création sont Transe, État de possession et Transformation. Dans un espace d'un blanc puissant, les jeunes hommes évoluent nus. Ce qui alimente encore les discussions de certain-e-s, que cela perturbe, à notre avis à tort, la seule question qui vaille étant la qualité du travail.
Le groupe va se déployer. Exister. On peut parler, d'une certaine façon, d'une tribu contemporaine. Depuis un certain temps il nous semble que Thierry Smits s'inscrit dans un cycle que l'on peut nommer des années d'hiver, au sens que donnait à cette expression le psychanalyste Félix Guattari dans un livre publié initialement en 1986 (Les années d'hiver, de nouveau disponible aux éditions Les prairies ordinaires ICI). Il s'agit de « cet hiver mondial des premières années 1980, avec ses poussées droitières, son triomphe du marché et ses nouveaux esclavages subjectifs. » De ce point de vue, sur le plateau, les êtres sont traversés de forces qui les dépassent et les déplacent. Transe et État de possession, en effet, mais pas au sens où on l'entend spontanément. Quant à la Transformation, elle n'aura pas lieu. Faute sans doute de sorcier, celui qui est chargé de guérir les âmes et les corps meurtris, faute de possibilités de sortir sinon de s'évader de cette nouvelle ère (et en l'absence de conscience et de mobilisation collective). La pièce est, en tout cas, à voir.
Fabien Rivière
Anima Ardens, de Thierry Smits, Théâtre Varia - Centre dramatique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Bruxelles (Belgique), du 6 octobre au 10 décembre 2016. En savoir +