Couverture de l'ouvrage
Nous étions à Bruxelles (Belgique), ce vendredi 13 mai 2016, à l'occasion de la sortie du livre Mudra, 103 rue Bara. L'école de Maurice Béjart 1970 - 1988 que signe Dominique Genevois aux éditions Contredanse. Une journée était dédiée à l'événement, Sur les traces de Mudra, qui s'est déroulée de 14h à minuit. De 14h à 17h l'auteure de l'étude a donné un atelier « chorégraphique, vocal, théâtral et musical » dans l'esprit de Mudra.
L'auteure de Mudra, 103 rue Bara, Dominique Genevois,
lors de la présentation du livre le 13 mai dernier, Photo Fabien Rivière
Nous avons assisté, à 18h30, à la présentation de l'ouvrage par son auteure (cf. photo ci-dessus) devant une salle comble, et en présence d'Anne Teresa De Keersmaeker. La française Dominique Genevois a fréquenté Mudra dès 1972 puis a dansé pour Maurice Béjart pendant quinze ans, avant de rejoindre Maguy Marin à Créteil (France) en 1988. Elle enseigne actuellement la danse classique.
La rédaction du livre relève du tour de force, un violent incendie ayant détruit les archives de l'école en 1992 (ICI), entreposées dans le vaste hangar qui a accueilli cette aventure humaine pendant dix huit ans, de 1970 à 1988. À l'origine du projet il y a un désir : « Je me suis tellement éclatée dans cette école ! ». Mais Dominique Genevois n'est pas naïve : « Ce sont des écoles qui font des déchets, beaucoup de blessures. »
Il a fallu retrouver tous les Mudristes, comme ils se nomment, répartis sur la planète, au Japon comme à Los Angeles. Un projet où l'oralité a une place de choix : « C'est la parole de beaucoup de nos camarades », dit-elle. L'index comporte ainsi 850 noms. Le résultat se veut cependant modeste. Il s'agit de « petites pierres à l'édifice de la culture chorégraphique » ; « Je me suis bien gardé de dire que c'est la vérité. »
La dimension internationale de l'entreprise a été rappelée, militant pour le mélange des cultures, où les langues parlées s'enchevêtraient allègrement. « Ce qu'a réussi Béjart, c'est nous mettre tous ensemble ! »
La rédaction du livre relève du tour de force, un violent incendie ayant détruit les archives de l'école en 1992 (ICI), entreposées dans le vaste hangar qui a accueilli cette aventure humaine pendant dix huit ans, de 1970 à 1988. À l'origine du projet il y a un désir : « Je me suis tellement éclatée dans cette école ! ». Mais Dominique Genevois n'est pas naïve : « Ce sont des écoles qui font des déchets, beaucoup de blessures. »
Il a fallu retrouver tous les Mudristes, comme ils se nomment, répartis sur la planète, au Japon comme à Los Angeles. Un projet où l'oralité a une place de choix : « C'est la parole de beaucoup de nos camarades », dit-elle. L'index comporte ainsi 850 noms. Le résultat se veut cependant modeste. Il s'agit de « petites pierres à l'édifice de la culture chorégraphique » ; « Je me suis bien gardé de dire que c'est la vérité. »
La dimension internationale de l'entreprise a été rappelée, militant pour le mélange des cultures, où les langues parlées s'enchevêtraient allègrement. « Ce qu'a réussi Béjart, c'est nous mettre tous ensemble ! »
Intervention de Claudio Bernardo, Photo Fabien Rivière
La présentation de Dominique Genevois s'est accompagnée de témoignages d'anciens élèves que sont Claudio Bernardo (cf. photo ci-dessus), Nicole Mossoux, Diane Broman et Jean Gaudin (cf. photos ci-dessous). On pouvait craindre un caractère trop officiel et donc l'ennui à des « lectures ». Il n'en fut rien. Au contraire, l'émotion fut intense, et constante.
Voici quelques notes, loin d'être exhaustives : en véritable crooner, Claudio Bernardo mêla parole et chant. Avec franchise, il parla sans pathos de la dureté de ce métier (de chorégraphe), où les uns détestent les autres. Profitant de la dimension mystique de Béjart, le visage en direction du ciel, il l'apostropha, lui demandant de venir. Le défunt avait été très critiqué, disait-il, mais sa présence demeurait. Nicole Mossoux, timide, parlait de « cicatrice », et de l'anorexie qu'elle avait dû affronter. « Nous étions malléables et fragiles. » Diane Broman rappelait qu'au moment de partir de l'école, l'image qui lui était venu à l'esprit était celle d'une porte qui s'ouvrait et ... d'un coup de pied au cul. Elle poursuit : « Je venais d'une famille désargentée et j'ai pu faire çà. Je peux le dire aujourd'hui, il y a prescription. Maurice me donnait de l'argent de sa poche pour [que je puisse] faire l'école. »
Intervention de Jean Gaudin, Photos Fabien Rivière
Pour Jean Gaudin, très détendu, Maurice Béjart nous apprend à nous sentir libre. Il lâche le micro, on lui demande de s'en saisir pour l'enregistrement, il le reprend, devant un parterre qui apprécie son esprit. Il danse, très en forme. Il lâchera le savoureux « On a jamais appris le répertoire de Maurice Béjart ! », échappant ainsi au danger d'une certaine forme de reproduction stérilisante du style du Maître. Il remarque l'incroyable pluralité des trajectoires et surtout des styles des élèves sortis de l'école, témoignage de la liberté qu'il a évoqué au début de son propos.
Nul doute que, s'il doit y avoir une réédition du livre, elle devra comporter l'intégralité (sans coupes) des interventions des quatre protagonistes.
LE LIVRE : MUDRA, 103 RUE BARA
Inauguration de Mudra avec Maurice Béjart, page tirée de Mudra, 103 rue Bara
Avant toute chose, il faut expliquer que si la vie artistique et d'enseignement du chorégraphe Français Maurice Béjart se développe à Bruxelles et pas à Paris, c'est que la capitale française est aux mains des balletomanes, qui ne reconnaissent pas la valeur de sa danse novatrice, dite « moderne ». Il devra en conséquence s'expatrier. Il a la chance d'être accueilli par Maurice Huisman, le directeur du Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles, qui lui donnera les moyens de travailler à partir de 1959. L'ouvrage montre bien que l'entreprise est indissociablement artistique et politique, au sens où il a fallu constamment batailler (et s'épuiser) avec les autorités politiques pour obtenir les financements nécessaires.
Fabien Rivière
SOMMAIRE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire