Grand Finale, de Hofesh Shechter, Photo Fabien Rivière © |
Le chorégraphe israélien basé à Londres Hofesh Shechter nous revient avec Grand Finale, une « création mondiale » que le Théâtre de la Ville présente dans la Grande Halle de La Villette (Paris). La solidité et le sérieux de la proposition tranche avec la pièce précédente, plus faible, barbarians (notre article Que fait Hofesh Shechter ?). D'entrée de jeu, apparaît dans la pénombre et dans la brume, au centre du plateau, cet imposant rectangle noir posé sur le sol, comme dans un vieux film en noir et blanc, dont on sent bien, derrière l'immobilité, la puissance et la menace qu'il porte. C'est un aérolite qui n'est pas sans faire penser à l'imposant monolithe noir de 2001, l'Odyssée de l'espace, qui manifeste dans le film de Stanley Kubrick une présence - intelligence extra-terrestre.
Mais on réalise très vite qu'il s'agit plutôt d'un Mur, celui dont la construction a commencé en 2002 en Cisjordanie et long de 700 kilomètres, officiellement édifié pour la sécurité des Israéliens (sur place les dénominations sont diverses : « grillage de séparation », « clôture de sécurité », « barrière anti-terroriste », « muraille de protection », « clôture antiterroriste », « mur de la honte »). Pour le chorégraphe la perspective est bien plus large, qui déclare dans une interview que l'on trouve dans la feuille de salle : « quelque chose d'énorme, de violent est en train de se passer à l'échelle de la planète (...). »
Sur le plateau les dix interprètes se déplacent presque toujours en groupe, à l'exception d'une scène où se forment des couples où les femmes s'évanouissent dans les bras des hommes. Cet ensemble, de civils ?, pourrait aussi devenir, à l'occasion, une meute ou une patrouille de militaires. Dans la première partie de la pièce, d'un peu moins d'une heure, les vêtements, — de par la simplicité du pantalon et de la chemise large, — suggèrent un kibboutz, communauté rurale (le premier est fondé en 1910). La seconde partie, d'un peu moins d'une demi-heure, après un entracte, où les costumes changent, se situe en ville. Ce groupe est très homogène, on sent que l'Autre, le Palestinien ?, en est absent, si ce n'est au début de la deuxième partie quand on entend, en ville donc, de la musique arabe. Le temps passe, mais les structures sociales demeurent. Il n'y a pas tellement de différence entre jadis et aujourd'hui.
Il est frappant que les interprètes ne vont jamais contester l'existence du Mur, qui, si l'on poursuit la réflexion, est bien le résultat d'une décision politique. Ce que les hommes ont fait, ils peuvent le défaire. C'est la limite de ce travail dont la danse est profondément jouissive : une relative dépolitisation.
De la musique classique est jouée live par six musiciens qui vont intervenir en différents points de l'espace pendant toute la représentation, à laquelle est adjointe une puissante musique industrielle créée par Hofesh Shechter.
La danse est remarquable d'engagement, de force et de sensualité. Rarement l'urgence vitale de la danse n'aura été aussi évidente. On songe à cette phrase de Pina Bausch : « Dansez dansez, sinon nous sommes perdus... »
Grand Finale, de Hofesh Shechter, Théâtre de la Ville à La Villette, Paris (France), du 14 au 24 juin 2017. Site
Mais on réalise très vite qu'il s'agit plutôt d'un Mur, celui dont la construction a commencé en 2002 en Cisjordanie et long de 700 kilomètres, officiellement édifié pour la sécurité des Israéliens (sur place les dénominations sont diverses : « grillage de séparation », « clôture de sécurité », « barrière anti-terroriste », « muraille de protection », « clôture antiterroriste », « mur de la honte »). Pour le chorégraphe la perspective est bien plus large, qui déclare dans une interview que l'on trouve dans la feuille de salle : « quelque chose d'énorme, de violent est en train de se passer à l'échelle de la planète (...). »
Sur le plateau les dix interprètes se déplacent presque toujours en groupe, à l'exception d'une scène où se forment des couples où les femmes s'évanouissent dans les bras des hommes. Cet ensemble, de civils ?, pourrait aussi devenir, à l'occasion, une meute ou une patrouille de militaires. Dans la première partie de la pièce, d'un peu moins d'une heure, les vêtements, — de par la simplicité du pantalon et de la chemise large, — suggèrent un kibboutz, communauté rurale (le premier est fondé en 1910). La seconde partie, d'un peu moins d'une demi-heure, après un entracte, où les costumes changent, se situe en ville. Ce groupe est très homogène, on sent que l'Autre, le Palestinien ?, en est absent, si ce n'est au début de la deuxième partie quand on entend, en ville donc, de la musique arabe. Le temps passe, mais les structures sociales demeurent. Il n'y a pas tellement de différence entre jadis et aujourd'hui.
Les saluts, à l'issue de la représentation de Grand Finale, Photo Fabien Rivière |
De la musique classique est jouée live par six musiciens qui vont intervenir en différents points de l'espace pendant toute la représentation, à laquelle est adjointe une puissante musique industrielle créée par Hofesh Shechter.
La danse est remarquable d'engagement, de force et de sensualité. Rarement l'urgence vitale de la danse n'aura été aussi évidente. On songe à cette phrase de Pina Bausch : « Dansez dansez, sinon nous sommes perdus... »
Fabien Rivière
Grand Finale, de Hofesh Shechter, Théâtre de la Ville à La Villette, Paris (France), du 14 au 24 juin 2017. Site
Affiche de Grand Finale aux abords de la salle, Photo Fabien Rivière
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