Photo Fabien Rivière © |
UNE CHORÉGRAPHE FACE UN JOURNALISTE DE DANSE
Le 19 octobre, la danseuse et chorégraphe Tatiana Julien, sur sa page Facebook, après avoir, écrit-elle, « très longuement hésité, par pudeur », témoigne à charge contre un journaliste de danse, dont elle ne donne pas le nom, et livre ses réflexions (à lire ICI).
Sur sa page Twitter le journaliste nie les accusations, le 23 octobre : « Si attaque de Tatiana Julien ≠ moi s/Facebook c’est parce que je n’ai pas aimé sa pièce et que je l’ai twitté dès la création #Critiklibrrr », puis « Je n’ai js rien demandé à T.Julien. Ni sex ni rien. Et nul lien hiérarchique, de pouvoir. Qui la croit faible ou impressionnable comme cela ? ». Le 30 octobre il indique : « Résumé d’une semaine troublée: L’intelligence est rare, le courage exceptionnel, les nantis veules. Qui dit qu’avec Fbook le monde change ? »
Le 25 octobre, il menace : « T.Julien vs PHV : cela pourra être amusant de voir comment des gens qui se cachent sous un profil pourront faire face… Aux juges !. » Et, le 18 novembre, il indique passer à l'attaque : « Impressionnant un constat d’huissier sur Facebook, surtout quand il est fait à temps. On y voit tout, même les commentaires effacés… Ce qui revient à en faire des aveux. Quand on a posté des conneries, cette info devrait donner quelques idées de recul dans l’honneur. » (cf. ICI). (à suivre)
Le 19 octobre, une danseuse, sur sa page Facebook, décrit une scène qui se serait déroulée dans un studio, lors d'un duo entre elle et un chorégraphe, non nommé. Une autre danseuse indique qu'elle aussi a connu une situation identique. Le Théâtre Paul Eluard (TPE) de Bezons (nord-ouest de Paris) réagi, sur sa page Facebook en publiant le texte suivant :
Sur sa page Twitter le journaliste nie les accusations, le 23 octobre : « Si attaque de Tatiana Julien ≠ moi s/Facebook c’est parce que je n’ai pas aimé sa pièce et que je l’ai twitté dès la création #Critiklibrrr », puis « Je n’ai js rien demandé à T.Julien. Ni sex ni rien. Et nul lien hiérarchique, de pouvoir. Qui la croit faible ou impressionnable comme cela ? ». Le 30 octobre il indique : « Résumé d’une semaine troublée: L’intelligence est rare, le courage exceptionnel, les nantis veules. Qui dit qu’avec Fbook le monde change ? »
Le 25 octobre, il menace : « T.Julien vs PHV : cela pourra être amusant de voir comment des gens qui se cachent sous un profil pourront faire face… Aux juges !. » Et, le 18 novembre, il indique passer à l'attaque : « Impressionnant un constat d’huissier sur Facebook, surtout quand il est fait à temps. On y voit tout, même les commentaires effacés… Ce qui revient à en faire des aveux. Quand on a posté des conneries, cette info devrait donner quelques idées de recul dans l’honneur. » (cf. ICI). (à suivre)
DANSEUSES FACE À UN CHORÉGRAPHE
Le 19 octobre, une danseuse, sur sa page Facebook, décrit une scène qui se serait déroulée dans un studio, lors d'un duo entre elle et un chorégraphe, non nommé. Une autre danseuse indique qu'elle aussi a connu une situation identique. Le Théâtre Paul Eluard (TPE) de Bezons (nord-ouest de Paris) réagi, sur sa page Facebook en publiant le texte suivant :
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Nous sommes très choquées après la découverte sur les réseaux sociaux de témoignages d'interprètes chorégraphiques relatant des violences sexistes. En effet, un chorégraphe dont nous avons programmé le spectacle, est accusé d'en être l'auteur.
La programmation de l'œuvre de ce chorégraphe, en raison de son propos public et de son interprétation par un groupe de cinq femmes, avait été pensée avec d'autres spectacles, en soutien à la mobilisation dans la lutte contre les violences faites aux femmes, qui à son jour le 25 novembre.
En tant que théâtre militant depuis plus de 20 ans, nous affirmons sans équivoque et rappelons notre solidarité avec chaque femme victime de violence et/ou de harcèlement sexiste.
Nous rappelons notre engagement pour l'émancipation de toutes les formes de domination et de discrimination.
Nous prenons aujourd'hui le temps nécessaire exigé par la situation grave, le temps notamment d'entendre les personnes concernées si elles l'acceptent, afin de nous permettre de dire rapidement ce qu'il nous paraîtra juste de faire.
L'équipe du tpe
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Un peu moins d'un mois plus tard, la décision tombe, dans un communiqué d'une page que nous publions intégralement ci-dessous. Le chorégraphe, qui est cette fois nommé, et qui y présentait sa nouvelle création, Sur le silence du temps, y parle d’une « ambiguité du désir qui fait la danse » (nous soulignons). Par ailleurs, on trouvera en fin d'article la copie du texte du programme initialement prévu :
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— COMMUNIQUÉ
Bezons, le 16 novembre 2017
Le temps n’est plus au silence
Après la réception de plusieurs témoignages détaillés et convergents de femmes, interprètes chorégraphiques, d'abus et violences sexuels sous couvert de la danse, après avoir également entendu le chorégraphe et son énoncé d’une « ambiguité du désir qui fait la danse », le TPE [Théâtre Paul Eluard] retire son soutien à la création de Daniel Dobbels Sur la silence du temps et annule la représentation prévue le 24 novembre dans le cadre de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes.
Bien entendu, le contexte de la programmation et l’intention donnée à la pièce, dans cet engagement contre les violences faites aux femmes, agissent comme des catalyseurs de la conscience et de la parole. Les femmes sont sorties du silence parce que l’intention artistique affichée est apparue comme une provocation insoutenable, une usurpation de la souffrance contenue depuis tant d’années. Le TPE entend cette parole, il dit sa solidarité autant que la colère d’avoir été trompé et utilisé.
Depuis, il est opposé par certains que le théâtre ne peut décider avant qu’un tribunal compétent ne se soit prononcé suite à un dépôt de plainte. Qu’il conviendrait donc de fermer les yeux, oreilles, de verrouiller esprit et langue, de continuer. Effectivement, il ne nous appartient pas de juger du point de vue de la Justice. Nous ne le faisons pas. Quid en revanche de l’engagement artistique ? S’est-il du fait même de la pertinence concrète d’une réalité, volatilisé, vidé du sens que pourtant nous clamons au fil des programmations et des saisons, être notre fondement ? Comme figé dans le choc et le bouleversement entrevu, a-t-il perdu toute forme, tel un objet apolitique sans goût et sans odeur monté sur la chaîne de la fabrique sociale ? La promesse de l’art est celle de l’émancipation. Nous défendons et construisons cette promesse chaque jour dans notre pratique professionnelle. Se détourner au moment où celle-ci nous confronte ? Le TPE est engagé contre toutes les formes de discriminations depuis plus de 20 ans, c’est à ce titre qu’il décide de ses actes.
Quant à la danse, elle est dans une réalité économique fragile. Et elle souffre encore des préjugés des défenseurs de la pudeur dont elle vient trop souvent écorner les représentations rigoristes. Certains nous ont demandé d’ailleurs, au nom des jeunes interprètes des compagnies en danger, de garder sous cloche notre vue, encore. On nous a expliqué parce que l’on estimait que nous n’étions pas en capacité de comprendre, que nous étions « écervelées », que la danse c’était cela, complexité et ambigüité. Nous ouvrons grand les yeux, prenons note et rassurons nos interlocuteurs. Nous sommes danseuses et danseurs depuis des années, programmons la danse, nous sommes public engagé, nous défendons et soutenons la danse. Nous savons qu’elle n’est pas un écran, voile du défoulement des pulsions d’appropriation du corps d’un autre, d’une autre, outil de conservation d’un ordre social patriarcal, qu’elle ne peut porter un geste d’oppression. Car nous savons à quel point elle est la liberté, tout au contraire, pour tous et toutes ces jeunes artistes, des faubourgs de Soweto au cœur des grandes villes occidentales.
Le silence a étouffé. Souhaitons que la voix porte loin.
Pour le Théâtre Paul Eluard, le conseil d’administration et les membres de l’équipe en solidarité,
Valérie Lafont, directrice par intérim, Christian Ourmières, président.
Contact > Valérie Lafont > directions@tpebezons.fr / 01 34 10 20 20
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ET AUSSI
Enfin, on peut indiquer qu'il existe un site, L'envers du décor ICI, qui recueille, anonymement, les « témoignages sur les violences sexistes et sexuelles subies dans le milieu du spectacle (cinéma, audiovisuel, spectacle vivant, arts visuels, etc). » À ce jour, la danse en est absente.
Sur le site www.balancetonporc.com on trouve le seul témoignage semble-t-il à ce jour qui concerne le milieu de la danse : celui d'une femme de 29 ans, relatant des faits d'agression sexuelle survenue quand elle en avait 16, d'un professeur de danse, dans un club de danse à Lille (ICI). Elle demeure anonyme, ne donne pas de nom, ni de l'agresseur ni du lieu.
Fabien Rivière
ON PEUT LIRE
Témoignages de femmes contre le chorégraphe Daniel Dobbels : sa pièce déprogrammée, par Ève Beauvallet, Libération, 22 novembre 2017. ICI
Page extraite du programme papier du Théâtre Paul Eluard de Bezons, saison 2017-2018
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