samedi 7 janvier 2017

Eribon & Ostermeier : Pour un mai 68 permanent


  (haut) Facade du théâtre Schaubühne à Berlin, (bas) Didier Eribon
Publié par Mediapart, 5 janvier 2017

Conversation entre Didier Eribon, philosophe et sociologue, auteur notamment de Retour à Reims, Thomas Ostermeier, directeur artistique du théâtre Schaubühne, à Berlin, et Florian Borchmeyer, directeur de la dramaturgie de la Schaubühne sur les questions irrésolues qui traversent la gauche : le rapport à la classe ouvrière, le tirage au sort, la révolution, les luttes des minorités. 

Cette conversation s'est tenue à la Schaubühne, à Berlin, fin novembre 2016.


EXTRAITS :
Didier Eribon : Il y a deux questions : Comment, dans les domaines artistiques et notamment au théâtre, on parle des classes populaires est déjà une question difficile. Mais ce n'est pas la même question que celle de se demander comment parler aux classes populaires. On peut très bien représenter toutes les personnes précarisées aujourd'hui. Ce n'est pas facile, mais on peut les représenter sur une scène de théâtre. Mais le public appartiendra à ce que j'appelle la bourgeoisie culturelle, la bourgeoisie qui fréquente les institutions culturelles. Même quand c'est une pièce de théâtre qui parle des ouvriers, ce ne sont pas les ouvriers qui sont dans la salle. Ça a été une des grandes questions que se sont par exemple posées des gens comme Jean Vilar : comment faire du théâtre populaire ? Et je crois que c'est une question qui n'a pas sa solution si on s'en tient à l'espace théâtral. Parce que si les gens ne viennent pas au théâtre, c'est parce qu'ils n'ont pas cette démarche-là. Jean Vilar avait de très belles idées, avec le festival d’Avignon notamment, mais ce ne sont pas les classes populaires qui y vont. (...)
Thomas Ostermeier : Comment survire en tant qu'intellectuel de gauche, dans un cas pareil, qui doit pour des raisons stratégiques défendre M. Fillon contre Marine le Pen?
Didier Eribon : Ah, mais je ne défendrai pas François Fillon contre Marine le Pen, c'est certain. François Fillon est un homme ultra-réactionnaire. Nous sommes dans une impasse terrible. Le discours du PS aujourd'hui c'est Si vous ne votez pas pour nous au premier tour, vous aurez Fillon et Marine Le Pen au deuxième tour, vous serez obligés de voter Fillon. Ce que je réponds, moi, c'est : si la situation est celle-ci aujourd'hui, c'est de votre faute ! Je ne vais donc assurément pas voter pour un candidat socialiste au premier tour. Et au deuxième tour, on peut voter contre le FN – pour quelqu'un qui est un démocrate. Or, François Fillon n'est pas un démocrate. C'est un homme de la droite dure. Il a affirmé que son modèle en politique était Margaret Thatcher. Vous imaginez que je puisse voter pour quelqu’un qui revendique Margaret Thatcher pour modèle ? C’est un mélange d’ultra-libéralisme économique et d’ultra-conservatisme social et culturel. C'est à la fois le candidat des banquiers et le candidat des forces les plus conservatrices de l’Église catholique, de tous ceux qui ont défilé contre le Mariage pour tous, à la Manif pour tous. Pour moi, il est impossible de choisir entre lui et Marine le Pen, même si évidemment je préférerais que ça soit lui plutôt qu'elle – mais je ne pourrai pas aller voter pour François Fillon. Non ! Mais je le répète, ce sont les politiques menées par les socialistes, avec le rejet profond et durable qu’elles ont engendré, qui nous ont mis dans cette situation cauchemardesque d’avoir peut-être à choisir en mai entre ces deux horribles personnages. C’est révoltant, c’est insupportable. Nous devons leur demander des comptes.

mercredi 4 janvier 2017

Trip Lee, « Manolo », Choreography Tricia Miranda

Danse - Karin Waehner, l’Empreinte du Sensible


Karin Waehner est une danseuse, chorégraphe et pédagogue française d'origine allemande, née le 12 mars 1926 à Gleiwitz en Haute-Silésie (ville actuellement située au sud de la Pologne) et décédée le 10 février 1999 à Paris en France.

Culture : Qui s'occupe des quartiers populaires d'Avignon ? La réponse du Bondy Blog


Le Bondy Blog a passé cinq jours au Festival d'Avignon durant l'édition 2016. Bondy est une ville située à 8 km à l'est de Paris dans le département de la Seine-Saint-Denis.

Le blog part d'un constat : la forte présence du Festival d'Avignon dans les remparts qui entourent la vieille ville, et son absence au-delà pour l'essentiel, et notamment dans les quartiers défavorisés, comme ceux de La Rocade ou Monclar. La question est d'importance puisque ces deux seuls quartiers regroupent plus de 30.000 habitants. On trouvera le résultat de cette réflexion dans des articles et des enregistrements sonores de la conférence de rédaction publique quotidienne. Le constat est clair.


Le Festival d'Avignon (In) répond qu'il ne communique pas sur cette question par discrétion, pour ne pas donner le sentiment d'instrumentaliser cette problématique. On nous a expliqué qu'il travaille par exemple avec des collèges et des lycées qui sont implantés dans ces zones dites "sensibles". Son directeur Olivier Py a pu parler en effet en conférence de presse de présentation de l'édition 2016 de ce qu'il nomme « la décentralisation des trois kilomètres » (cf. le compte rendu du quotidien Le Monde), décentralisation qui ne consiste pas à amener l'art en province (ou région) mais dans des zones proches géographiquement parlant mais socialement défavorisées nommées « les quartiers ». Dans une interview de novembre 2013 à La Libre Belgique, Olivier Py expliquait déjà, concernant la décentralisation  « il faut la pratiquer à Avignon à l’échelle de 3 kilomètres, pour impliquer ces quartiers "difficiles". (...) Il faut s’ouvrir vers les ghettos. » Cependant, il nous a paru dommage sinon étrange qu'il n'en parle pas lors de la conférence de presse de clôture de l'édition 2016. 

Les moyens octroyés au Festival d'Avignon (In) dans ce domaine sont-ils suffisants ? Sans doute pas. Existe-t-il une responsabilité ou des responsabilités partagées ? Ainsi, que font pour la culture dans « les quartiers » la ville d'Avignon, la communauté d'agglomération du Grand Avignon (qui regroupe 15 communes), le département du Vaucluse, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et les autres structures culturelles dont le Off ?  
Fabien Rivière
On peut lire aussi l'interview de la sociologue Gisèle Sapiro : Les contradictions de la démocratisation culturelle

— Quartier de La Rocade :
Il est situé au sud de la ville d'Avignon, à 5 km du centre ville 
Il est voisin de Monclar à l'ouest, des Grands Cyprès à l'est et de la Croix des Oiseaux au nord-est.
Construit dans les années 70. 
Il compte 25.000 habitants. 
Habitation : 96% HLM et 4% pavillon. 
En savoir + ICI

— Quartier de Monclar :
Il est situé au sud de la ville d'Avignon. 
Il compte plus de 6.000 habitants.
En savoir + ICI 

mardi 3 janvier 2017

La danse est absente de la promotion du 1er janvier de la Légion d'honneur

Photo Fabien Rivière ©

La danse est la grande absente de la promotion du 1er janvier de la Légion d'honneur. Pas un-e représentant-e de cet art sur les 731 personnes promues. Les 32 noms distingués par le Ministère de la Culture et de la Communication appartiennent au cinéma, à la musique, à l'opéra, au théâtre, à la littérature et même à la publicité avec un « publicitaire, président-fondateur d'une agence de publicité » (le décret). 

On remarque quand même un directeur d'opéra et un homme de théâtre sensibles à la danse, avec Stéphane Lissner actuel patron de l'Opéra national de Paris et François Le Pillouër qui a dirigé le Théâtre national de Bretagne (TNB) à Rennes pendant « vingt-deux ans, huit mois et douze jours » (Le Monde) et qu'il vient de quitter ce 1er janvier. 
Fabien Rivière 

Ministère de la culture et de la communication
Au grade d'officier
M. Lissner (Stéphane, Michel), 
directeur de l'Opéra national de Paris. Chevalier du 19 juillet 2002.

Ministère de la culture et de la communication
Au grade de chevalier
M. Le Pillouër (François, Gilles), 
directeur d'un théâtre et d'une école nationale supérieure d'art ; 42 ans de services.