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Vue du plateau de Grensgeval (Borderline) avant la représentation, Photo Fabien Rivière |
Le metteur en scène belge Guy Cassiers et la chorégraphe française Maud Le Pladec montent le texte de l'écrivaine autrichienne Elfriede Jelinek prix Nobel de littérature 2004, Les Suppliants, publié en 2013. Cela donne Grensgeval (Borderline), en français Frontière, présenté lors du Festival d'Avignon au Parc des expositions.
En plus d'une centaine de pages, c'est la voix des réfugiés qui viennent en Europe en traversant la Méditerranée au péril de leurs vies que l'on entend, ne rencontrant une fois arrivés qu'incompréhension et rejet.
Dans ces conditions, pourquoi avoir confié à quatre comédiens Blancs, de plus de cinquante ans, deux hommes et deux femmes, le soin de dire le texte ? Ils sont assis à deux tables métalliques à droite du plateau et discutent comme quatre potes dans un café, un soir. Le ton est atone, ils pourraient tout aussi bien parler de n'importe quoi d'autre, de problèmes de logistique ou de politique agricole commune. Le dispositif neutralise la gravité du propos.
Ce sont quinze jeunes gens, dont treize Blancs, membres du conservatoire royal d'Anvers formation danse AP, qui portent la danse. Ils sont habillés de façon très mode, vêtements larges, déstructurés, coupe très travaillée, en plusieurs couches, sombres, sauvages, baskets colorées, comme des mannequins qui vont défiler pour une grande marque. Pense-t-on représenter les réfugiés ? N'est-ce pas indécent ? Dans un premier temps, Ils vont manipuler cinq poutres noires. Ce n'est pas sans intérêt, sans être passionnant, mais cela ressemble à un gentil atelier pour élèves ou étudiants en danse. La séquence en boite de nuit n'est pas de très bon goût (et quel rapport avec le texte ?). Officiellement, selon la chorégraphe, « Danser, c’est à la fois se dépenser et résister au sens où Georges Bataille l’entend. Une résistance pouvant prendre plusieurs significations: résister à la mort, résister à l’oubli, résister à la peur, résister aussi à la tentation de dire que l’on sait, que l’on peut comprendre ».
Comme dit Cassiers, « Le texte dessine nos propres limites : nous sommes incapables de faire face ». En effet.
Fabien Rivière
SPECTACLE
Grensgeval (Borderline), Guy Cassiers et Maud Le Pladec, Parc des expositions (Avignon), Festival d'Avignon, du 18 au 24 juillet. Site
LIVRE
Elfriede Jelinek, Les Suppliants, L'Arche éditeur, Paris (France), 120 pages, 2016.
INTERVIEW
de Guy Cassiers RTBF (Radio Télévision Belge Francophone) — Telerama
TOURNÉE > VERSION ORIGINALE
— les 20 et 21 septembre 2017, Stadsschouwburg, Amsterdam (Pays-Bas)
— les 27 et 28 octobre, Toneelhuis (Bourda), Anvers (Belgique)
— les 17 et 18 novembre, Temporada Alta, Girona (Espagne) (surtitré en catalan)
TOURNÉE > VERSION en collaboration avec le Conservatoire National Supérieur
de Musique et de Danse de Lyon (CNSMD Lyon)
— du 5 au 7 octobre, Centre dramatique national Orléans Centre (surtitré en français)
— les 12 et 13 octobre, Le Phénix Scène nationale de Valenciennes (surtitré en français)
— les 18 et 19 octobre, La Filature Scène nationale de Mulhouse (surtitré en français)
— 2 décembre, Maison de la Culture d'Amiens (surtitré en français)