Les 20 ans du Festival Artdanthé (10 mars > 7 avril) 

Affiche de la 20° édition du Festival Artdanthé en 2018



Déjà 20 ans pour Artdanthé, manifestation fondée en 1998 par José Alfarroba au Théâtre de Vanves au sud de Paris, qu'il présentait ainsi à l'occasion de ses dix ans : 

« On a réussi à tenir dix ans, ce qui n’était pas évident au départ. (...) L’idée était de promouvoir les compagnies qui n’avaient pas de lieux, et qui avaient beaucoup de mal à être programmées. (...) Une des raisons d’Ardanthé, c’était aussi de pouvoir suivre des compagnies sur 3 ou 4 ans, avec toujours une confrontation avec celles ayant déjà pignon sur rue. (...) Il est vrai que la place de la danse n’est pas évidente dans les théâtres municipaux, de même que dans les scènes nationales. (...) La danse est peut-être ce qui pose le plus de problème, au public, aux élus, car on a toujours peur d’elle. Le théâtre de Vanves étant un théâtre municipal, je me dois de présenter de la chanson, du théâtre, de la musique classique… Comme je suis très têtu, j’ai enfoncé beaucoup de portes, passé des grandes marées, et la ville a compris l’intérêt de défendre ce qui n’est pas forcément facile. »

En 2015, le fondateur est parti. Anouchka Charbey lui a succédé, souhaitant poursuivre l'œuvre entreprise. Dans l'éditorial qui ouvre le programme de cette édition elle explique : « Au cours de ces deux décennies, et plus particulièrement dans le contexte national austère de ces dernières années, le festival a rencontré des moments de doutes, essuyé des remises en questions, subi des revers qui n'ont fait que renforcer la conviction de l'équipe et conforter le projet ». Ainsi, cette année, en un mois, Artdanthé accueillera plus d'une soixantaine de chorégraphes, et quatre expositions. 

Fabien Rivière      

www.theatre-vanves.fr

————  SPECTACLES Lieux :

> À VANVES : Théâtre, Panopée, La Palestre, Hôtel de Ville, Piscine, L'Ode - Conservatoire de Vanves, Parking, Espace gazier 

> À PARIS : Centre Pompidou et Église Saint-Merry (4° arrondissement). 

————  EXPOSITIONS : 

> Jean-Luc Verna, Galerie du Théâtre de Vanves, du samedi 10 au samedi 24  mars.

> (vidéo) James Batchelor, Deepspace, église Saint-Merry, jeudi 22 mars.

> Pilar Albarracin, La cabra, 7 au 10 avril, par intermittence au Théâtre de Vanves.

> Axel Roy, Topoï, du 28 mars au 7 avril. 

Samedi 10 mars

17h — Hôtel de Ville

Herman Diephuis  Plus ou moins 20 pour  commencer (doucement) 35mn.

17h30 — La Palestre
Christian Bakalov (Sofia - Bruxelles) "PURE / Realmagination"  Installation performative

17h45 — Panopée

 United Cowboys (Pays-Bas)  Concept for new development : BURN  3h

 20h30 — Théâtre

Florentina Holzinger (Pays-Bas - Autriche)  Apollon  PREMIÈRE FRANÇAISE  1h40

Mardi 13 mars

19h30 — Panopée
Marco da Silva Ferreira (Portugal) Hu(r)mano  50 mn. 

20h30 — Théâtre

Yves-Noël Genod  Hamlet  CRÉATION  Photo Dominique Isserman

Jeudi 15 mars

19h30 — Panopée
 Anna Gaïotti  Plus de Muses Mais un Troupeau de Muets   40 mn.

21h — Théâtre

Volmir Cordeiro et Marcela Santander Corvalán  Epoque   50 mn.

Samedi 17 mars 

11h — Théâtre

David Rolland  Happy Manif (Les pieds parallèles)   1h

18h30 — Panopée

Oona Doherty (Irlande) Hope Hunt and the Ascension into Lazarus 30 mn. > Article 

 + James McGinn (USA)  "Ing an Die"   1h    Photo DR

20h30 — Théâtre

Jean-Luc Verna  Ucello, Uccellacci & The Birds  Photo DR   1h

+ (concert du groupe) I APOLOGIZE   Photo Charly Gosp

 Mardi 20 mars 
19h30 — Panopée
Annamaria Ajmone & Marcela Santander Corvalán (France-Argentine / Italie) Mash 50mn.

21h — Théâtre

Aina Alegre (France - Espagne)  Le Jour de la bête  1h

 La [Déca]danse #3 : 20 projets pour les 20 ans (22 et 24 mars)

 Jeudi 22 mars 20h — PART 1 — Église Saint-Merry 

Marcela Santander Corvalán Disparue  30 mn.
Lotus Eddé-Khouri & Christophe Macé Structure couple - Boomerang   30 mn.
Vania Vaneau Blanc  25 mn.
Elodie Sicard Les alibis  25 mn. 
Dominique Gilliot & Antoine Pesle Un moment Hi-Fi  30 mn. 
Marion Camy Palou 3 phases  20 mn. 
James Batchelor Deepspace  vidéo
Julia Roberts Fame Redux   15 mn. 

Samedi 24 mars — PART 2 

 16h — Premier parcours — Panopée 

Thibault Croisy La prophétie des Lilas  40 mn.
Arthur Eskenazi Il existe des écarts non résolus, appuyez sur n'importe quelle touche 40'
Lucie Antunes  Bascules  15 mn.
Sofian Jouini  Natures 
Nuno Lucas Ma vie va changer  30 mn.
Bryan Campbell Research for the quadruped protagonist  35 mn.
Inari Salmivaara Shift  1h
Julien Herrault Dogs 40 mn.  
 Bryan Campbell, Research for the ..., Capture d'écran Espaces Magnétiques


 20h — Second parcours — Théâtre de Vanves
Eric Arnal-Burtschy So many things  1h15
Mélanie Martinez Llense  Hybristika   45 mn.

Kubilai Khan Investigations - Frank Micheletti  Black belt  30 mn.
Supérette Chicago - Frank Micheletti  DJset afro-futuriste & afro-house

Mardi 27 mars

19h — Piscine de Vanves

 Maxime Taffanel  Cent mètres papillon  1h10
21h — Panopée 
Yann Verburgh & Eugen Jebeleanu (Roumanie / France)  Ogres 1h30

Mercredi 28 mars
19h — Panopée 
Yann Verburgh & Eugen Jebeleanu (Roumanie / France)  Ogres 1h30 [cf. ci-dessus]
21h — Théâtre de Vanves 
Yuval Rozman (Israël / France) Tunnel Boring Machine  1h30

Jeudi 29 mars 
19h30 — Panopée
Herman Diephuis MIX  55 mn.  Photo Karim Zeriahen

21h — Théâtre
Yuval Rozman (Israël / France) Tunnel Boring Machine  1h30 [cf. vidéo ci-dessus]

Samedi 31 mars 

14h — Centre Pompidou (sous réserve)
Liz Santoro et Pierre Godard  FCS_learning   3h
16h30 —  L'Ode - Conservatoire de Vanves
Frank Micheletti - Kubilai Khan Investigations Réserve naturelle  45 mn.

18h —  Panopée
Kevin Jean La poursuite du Cyclone 1h

19h15 — L'Ode - Conservatoire de Vanves
Jérémie Scheidler Hypermnésie  Lecture 40 mn.
20h — Théâtre de Vanves 
Vincent Thomasset  Ensemble Ensemble 1h
+ The Noise Consort Concert 30 mn.
+ MAULWÜRFE Concert 
21h30 — Parking
 Kubilai Khan Investigations - Frank Micheletti  Siyin  35 mn.

Mardi 3 avril 
19h30 — Panopée 
Erwan Keravec & Emmanuelle Huynh Improvisation  50 mn. 
21h — Théâtre
Emmanuel Eggermont Πόλις (polis)  1h10

Jeudi 5 avril 
19h30 — Panopée 
Malika Djardi Horion  1h
+ Guillaume Marie Igor Dobričić Roger Sala Reyner  Roger Préfiguration #1  20 mn. 
21h — Théâtre
Maarten Seghers (Belgique) O or The Challenge of This Particular Show Was To Have Words Ending in O  1h

SOIRÉE DE CLOTÛRE — Samedi 7 avril 
16h — Espace Gazier (départ toutes les 45 mn.)
Perrine Mornay & Sébastien Roullier Le grand jeu  installation-performance 30 mn.  
17h — Galerie du Théâtre 
Violaine Lochu Madame V. la voyante et son double  35 mn. 
18h — Panopée 
Mehdi-Georges Lahlou  Run Run Baby Run Run  1h

19h — L'Ode - Conservatoire de Vanves
Mohamed Toukabri  The Upside Down Man (The son of the road) 30 mn. Photo DR

+ (Théâtre de Vanves) Maarten Seghers Concert by a Band Facing the Wrong Way 
21h — Panopée
Dario Tortorelli (Pays-Bas / Italie) D NO BODY 5 #transcending  50 mn.

On ne peut être que femme ou homme ? (Sigfúsdóttir - Johannessen - Constantinou, Chaillot)

Une découverte, le chorégraphe Andreas Constantinou, Photo Facebook

Le Théâtre national de la danse de Chaillot a présenté en janvier dernier pendant douze jours un Festival nordique en cinq programmes (1). L'idée est de donner une visibilité à la création chorégraphique des cinq pays d'Europe du nord que sont le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège et la Suède. Il s'est clos dans la (petite) salle Gémier avec un programme de trois pièces. 

 Tide, Bára Sigfúsdóttir, Photo Nanna Dís 

Tide de l’islandaise Bára Sigfúsdóttir est un duo de 30 minutes. La scénographie est sobre, sinon austère : sol blanc, pendrillons noirs sur tout le fond du plateau, lumière fixe. La chorégraphe entre par le fond droit suivie du musicien, une trompette à la main. Elle en jogging noir et T-shirt gris foncé sévère, lui en chemise bleue délavée, souriant. Les deux sont pieds nus. Elle entend manifestement se situer du côté du "sensible", du "non spectaculaire", du "peu". Pourquoi pas. Mais le danger est d’être plutôt du côté de l’ennui et d’une aridité peu intéressante. 

Le titre se traduit par La marée. Il s'agit de suivre « l'alternance montante et descendante de la mer due à l'attraction de la lune et du soleil » et se veut  « une invitation à une expérience inoubliable des sens » (« an invitation to an unforgettable experience of the senses »). On observe plutôt un temps un grand échassier fragile, suivi d’un travail au sol qui peut laisser perplexe. On ne peut pas dire que cela respire la joie de vivre. La gestuelle est assez pauvre, comme la musique. Et pourquoi les deux se situent-ils toujours dans la frontalité ? Avec Beach Birds, en français Les oiseaux de la plage, Merce Cunningham réussissait, lui, à restituer une certaine ambiance, organicité et puissance maritime. Et, tant qu'à explorer les relations danse - musique, on avoue préférer le travail d'Anne Teresa De Keersmaeker, ou celui de Merce Cunningham.   

Camilla Spidsøe et Ole Willy Falkhaugen dans Schéhérazade, 
d’Ina Christel Johannessen, Photo Erik Berg

Schéhérazade, de la norvégienne Ina Christel Johannessen propose une nouvelle version du ballet de 1910 de Michel Fokine (1880 - 1942). Soit un duo entre un homme qui d’emblée impose son emprise mentale et sexuelle sur une femme. On pense tout de suite à DSK, Cantat et Weinstein. Ici, il est franchement pénible de regarder un homme dominer une femme, la jeter vers le sol, et sembler vouloir l’étrangler à plusieurs reprises. Le point de vue de la chorégraphe n’est pas très clair, et la gestuelle peu inventive, si les costumes sont élégants. Les 14 minutes de la pièce sont très longues. Et pourquoi jeter du haut des ceintres quelques livres, puis une quantité industrielle ? Il s’agit de signifier que la femme est cultivée. Mais un lecteur ou une lectrice ne balanceront jamais de cette façon tellement brutale des livres.  

Thewomanhouse, d'Andreas Constantinou, Photo Allan Hoegholm

Il faut attendre la fin de l’entracte pour découvrir Thewomanhouse, d'Andreas Constantinou, directeur artistique du collectif danois Himherandit, une proposition de 45 minutes enfin consistante, véritablement en prise avec le réel. Quatre interprètes surgissent soudain. Quatre hommes. Qui mobilisent et exhibent les stéréotypes liés à leurs genres. À vrai dire, la question de la véritable identité des personnes constitue le cœur névralgique de la pièce. Hommes ?  Femmes ? Ou peut-être une autre possibilité ? Ou un mix, en quelque sorte ? Il est préférable de ne pas lire le programme de salle qui dévoile et impose sans respect ni finesse une réponse, qui se révèle en réalité bien plus complexe. Au contraire, le projet se construit avec intelligence et surprises. Il y a ce personnage qui nous explique qu'il s'appelait jadis « Max », et qu'il se nomme dorénavant « Max », façon habile de garder le mystère sur le sens de sa transformation : de femme à homme ou d'homme à femme ? L'explication est franche sinon crue sans être pour autant voyeuriste. Qu'est-ce donc qu'un homme ? Ou une femme ? Pour soi et dans le regard tellement intrusif des autres ?   

Fabien Rivière

(1) Composé successivement d'une soirée d'ouverture, du Ballet Cullberg avec une bonne création de Jefta van Dinther, Protagonist (notre article), de Tero Saarinen avec Morphed,  et du GöteborgsOperans Danskompani avec le Kodak d'Alan Lucien Øyen. 

Festival nordique