Seven Winters, de Yasmine Hugonnet, Photo Anne-Laure Lechat |
Pour découvrir la dernière création de la chorégraphe Suisse Yasmine Hugonnet, Seven Winters, en français Sept Hivers, il faut aller à l'Atelier de Paris - Centre de développement chorégraphique national (CDCN), à la Cartoucherie, dans le bois de Vincennes. Avant la générale, un membre de la compagnie m'annonçait une pièce encore « fragile ». « Bousculée » me semble plus juste, puisque le Covid19 a modifié le planning de répétitions, qui est passé de 5 lieux de travail à trois. Et quelques jours avant la première il y a quinze jours au Théâtre Vidy - Lausanne (Suisse), une danseuse a eu l'appendicite, et a dû être remplacée au pied levé par la chorégraphe. Ce soir, c'est la première fois que l'équipe danse ensemble en public. La pièce est en réalité solide.
En ouverture, deux jeunes femmes sont parfaitement nues, immobiles, face-à-face, dont l'une dos au public, dans une scénographie d'un blanc puissant, virginal, comme immaculé. Le silence règne, et régnera longtemps. L'espace est délimité par des cloisons blanches mouchetées de bleu foncé ou gris foncé selon l'éclairage. On songe immédiatement au Paradis. Mais on se rappelle le Paradiso de Romeo Castellucci, vu au Festival d'Avignon en 2008, qu'il dépeint comme ... un Enfer ... de Désolation ... et d'Ennui. Mais admettons que le Paradis soit paradisiaque. Les corps des sept interprètes, six jeunes femmes et un jeune homme, sont fins, imberbes, doux. Les fesses sont rebondies. Cette période sera finalement de courte durée. Ils vont disparaître, puis réapparaître... habillés. Mais pourquoi s'habiller ? Pourquoi cette convention sociale, sans doute légitime par ailleurs ? S'agit-il, après avoir fait Paradis, de faire Société ? Dans les duos entre une personne nue et une personne habillée, on se dit qu'il s'agit du même, mais dans des contextes différents. Qui est le spectre de l'autre ? Autant la nudité manifeste une belle vitalité, autant "les habillés" sont plus gris, plus ou moins, comme la couleur de leurs vêtements. Cette histoire finira mal puisque la Société vaincra la Nudité, et l'engloutira. La chorégraphe semble se ranger à ce qui apparaît comme une défaite de la vie. Chaque être, en société, est, ainsi, un hiver.
TOURNÉE : Les 2 Scènes (Besançon) 8 et 9 décembre 2020 — ADC Genève (Suisse), du 11 au 13 décembre 2020.
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