samedi 17 octobre 2020

Une merveille - Jarvis Cocker : «JARV IS... A Musical Response to Michael Clark: Cosmic Dancer»

Une merveille : le chanteur Jarvis Cocker, leader de Pulp, en grande forme, a donné un court concert dans l'exposition consacrée au Barbican à Londres au danseur et chorégraphe britannique Michael Clark, Cosmic Dancer, visible du 7 octobre 2020 au 3 janvier 2021. En savoir + 

The performance includes exclusive covers of The Velvet Underground’s ‘Venus in Furs’ and The Fall’s ‘Big New Prinz’, a newly arranged version of ‘Further Complications’ from Cocker’s eponymously titled solo album, and ‘House Music All Night Long’ from the latest album by JARV IS… ‘Beyond the Pale’.

Cocker and his band are surrounded by Charles Atlas’s newly-commissioned immersive film installation A Prune Twin (2020), the recreated set of Clark’s collaboration with The Fall for I Am Curious, Orange (1988), and Sarah Lucas’s installation.

vendredi 16 octobre 2020

La vitesse de Fabrice Lambert (« Seconde nature »)

Seconde nature, de Fabrice Lambert, Capture d'écran Espaces Magnétiques 
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Avec Seconde nature, vu hier soir au Théâtre de la Ville - Théâtre des Abbesses à Paris, Fabrice Lambert nous propose une œuvre d'une maturité inquiète mais nécessaire et courageuse. 

Les interprètes se déplacent constamment dans une nuit profonde éclairée artificiellement, et ne verront jamais le jour. L'espace est vide mais saturé d'une musique puissante et stellaire, avec un passage vers la techno à mi-parcours, et rempli jusqu'à la gueule de flashs stroboscopiques redoutables. Ils dansent souvent devant un mur d'images tout aussi artificielles, irréelles et saturées. On perçoit une existence qui se déploie dans un environnement gelé et hostile où le danseur - citoyen a cependant la puissance d'un brise-glace. 

On se demande comment ils font pour tenir. On voudrait s'approcher paisiblement, leur parler tranquillement, leur demander ce qui ne va pas, essayer de comprendre la situation, leur situation. On voudrait arriver à les faire au moins ralentir un peu ce flot, ce flux de folie. On rêve même de les faire stopper, d'arriver à les extraire de cet enfer terrestre. Grande naïveté certes.  

Ils ont la santé, comme l'on dit, et une singulière capacité de résistance. Jamais ils ne flanchent, ne soufflent, ne manifestent une quelconque fatigue ou lassitude. Jusqu'à une surprise finale, de taille. Inévitable finalement. Il n'est pas sûr qu'ils se posent beaucoup de questions. Il n'est pas sûr qu'ils le peuvent, pris sinon emportés par la vie. 

Ils sont quatre. Ils ne cessent de se croiser mais ne se rencontreront jamais. On ne peut pas vraiment appeler cela un collectif. Il n'y aura pas de prise de conscience, de questionnement, de protestation, de contestation de cet ordre terrestre. La contradiction n'est qu'apparente : on peut être ultra passif tout en étant ultra actif. C'est une tragédie sans pathos qui n'est pas sans élégance, vue le jour qui suit l'annonce de l'instauration d'un couvre-feu en France*.
Fabien Rivière
* Applicable de 21h à 6h pour six semaines, voir plus, à partir de samedi, dans neuf métropoles, soit 20 millions de français. 

Seconde nature, Théâtre de la Ville - Théâtre des Abbesses (Paris), du jeudi 15 au dimanche 18 octobre 2020. En savoir +   

mercredi 14 octobre 2020

Hommage — Jon Gibson ‎: Songs & Melodies, 1973 - 1977

Le musicien Jon Gibson, né à Los Angeles, proche de Philip Glass, Steve Reich et Terry Riley, vient de disparaître ce lundi à l'âge de 80 ans.
Fabien Rivière

Yasmine Hugonnet est là-bas (« Seven Winters »)

Seven Winters, de Yasmine Hugonnet, Photo Anne-Laure Lechat 

Pour découvrir la dernière création de la chorégraphe Suisse Yasmine HugonnetSeven Winters, en français Sept Hivers, il faut aller à l'Atelier de Paris - Centre de développement chorégraphique national (CDCN), à la Cartoucherie, dans le bois de Vincennes. Avant la générale, un membre de la compagnie m'annonçait une pièce encore « fragile »« Bousculée » me semble plus juste, puisque le Covid19 a modifié le planning de répétitions, qui est passé de 5 lieux de travail à trois. Et quelques jours avant la première il y a quinze jours au Théâtre Vidy - Lausanne (Suisse), une danseuse a eu l'appendicite, et a dû être remplacée au pied levé par la chorégraphe. Ce soir, c'est la première fois que l'équipe danse ensemble en public. La pièce est en réalité solide.

En ouverture, deux jeunes femmes sont parfaitement nues, immobiles, face-à-face, dont l'une dos au public, dans une scénographie d'un blanc puissant, virginal, comme immaculé. Le silence règne, et régnera longtemps. L'espace est délimité par des cloisons blanches mouchetées de bleu foncé ou gris foncé selon l'éclairage. On songe immédiatement au Paradis. Mais on se rappelle le Paradiso de Romeo Castellucci, vu au Festival d'Avignon en 2008, qu'il dépeint comme ... un Enfer ... de Désolation ... et d'Ennui. Mais admettons que le Paradis soit paradisiaque. Les corps des sept interprètes, six jeunes femmes et un jeune homme, sont fins, imberbes, doux. Les fesses sont rebondies. Cette période sera finalement de courte durée. Ils vont disparaître, puis réapparaître... habillés. Mais pourquoi s'habiller ? Pourquoi cette convention sociale, sans doute légitime par ailleurs ? S'agit-il, après avoir fait Paradis, de faire Société ? Dans les duos entre une personne nue et une personne habillée, on se dit qu'il s'agit du même, mais dans des contextes différents. Qui est le spectre de l'autre ? Autant la nudité manifeste une belle vitalité, autant "les habillés" sont plus gris, plus ou moins, comme la couleur de leurs vêtements. Cette histoire finira mal puisque la Société vaincra la Nudité, et l'engloutira. La chorégraphe semble se ranger à ce qui apparaît comme une défaite de la vie. Chaque être, en société, est, ainsi, un hiver. 

Fabien Rivière 

Seven Winters, de Yasmine Hugonnet, Atelier de Paris, du 14 au 16 octobre 2020. En savoir +

INTERPRÈTES : Matthieu Barbin, Stéphanie Bayle, Marta Bellu, Ruth Childs, Maïté Jeannolin, Ilaria Quaglia, Sabine Rivière.

TOURNÉE : Les 2 Scènes (Besançon) 8 et 9 décembre 2020 — ADC Genève (Suisse), du 11 au 13 décembre 2020.