Façade du Théâtre Bourla (en néerlandais, Bourlaschouwburg), occupé par le théâtre municipal Toneelhuis (en français, Maison du Théâtre), Anvers (Belgique), novembre 2021, Photo Fabien Rivière |
Avec le solo qu'il interprète, Elisabeth Gets Her Way, en français Elisabeth obtient ce qu'elle veut, le danseur et chorégraphe anversois Jan Martens, 37 ans, nous fait découvrir la claveciniste polonaise installée en France Elisabeth Chojnacka (Varsovie, 1939 - Paris, 2017).
Découvrir l'œuvre au théâtre Bourla à Anvers (Belgique), du nom de l'architecte qui l'a conçu, est une grande chance. Le bâtiment, inauguré en 1834, possède une salle à l'italienne magnifique de 900 places, aux fauteuils d'un rouge sombre intense. Outre la beauté de la vieille ville où il est situé, la beauté du solide bâtiment, il s'agit surtout ici du très bon rapport salle - scène, la première ne s'imposant pas à la seconde, contrairement à ces lieux qui réussissent hélas à neutraliser par sa structure, la scène. Cette dernière, ce soir, vide et tout de blanc, presque de forme cubique, dans son abstraction et son ampleur, sa hauteur, suggère un entrepôt. Intéressant contraste, entre hier et aujourd'hui, le savant et le populaire, l'historique et l'industriel, le centre et la périphérie, le propre et le sale, le distingué et l'impersonnel, l'incarnation et l'abstraction, le stable et l'instable.
Musique du spectacle, extrait.
Sur la scène, les événements sont surprenants. Absolument déroutants. Décrire ce que l'on voit est possible, difficile certes, mais un peu vain sans doute, car il est nécessaire de préserver la surprise au spectateur. Peut-être un désert la nuit, ou un entrepôt donc. Il est possible d'être stupéfait, et pourquoi pas bouleversé par telle scène, où l'approche de la musique par l'interprète est d'une intelligence exceptionnelle, redoutable (exemple : l'homme est au fond à droite, dans la pénombre, de dos puis de profil, dans une économie de mouvement un temps, comme possédé, mélange d'ultra contrôle et de relâché).
En 7 étapes (et 7 musiques), on découvre un nouveau monde. Un art (musical) savant en effet, difficile peut-être, mais dans un premier temps seulement, intellectuel (avec ou sans guillemets), tenu, tendu, très contrôlé donc, mais auquel aussi bien Chojnacka que Martens, nous donnent un accès privilégié, avec le corps, acceptant la dimension intensément émotionnelle sinon pulsionnelle, mais souterraine de prime abord, de l'œuvre musicale.
Fabien Rivière
TOURNÉE > En savoir +
— PARIS : au Théâtre de la Ville - Les Abbesses, du 4 au 13 juillet 2022. En savoir +
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