|
miramar, capture d'écran Espaces Magnétiques |
.
Le CentQuatre - Paris présente dans le cadre du festival Séquence Danse Paris 2022 la nouvelle création de Christian RIzzo, miramar, pour 11 interprètes, créée en janvier dernier. Elle clôt une trilogie débutée en 2019 avec une maison, pour 13 interprètes, poursuivie en 2020 par le sublime solo dansé par Nicolas Fayol, en son lieu, vu au CentQuatre - Paris.
miramar pour, nous dit-on, mira mar, de l'espagnol qui, traduit en français donne l'injonction regarde la mer (le programme de salle précise : « Au commencement, il pourrait y avoir la mer. Ou plutôt ceux qui la regardent »). Mais, à vrai dire, n'est-ce pas une fausse piste puisque ni pendant ni après la représentation cette réalité ne nous est apparue, ce qui n'est à vrai dire pas très grave (N'est-ce pas plutôt une certaine qualité de l'air, maritime, entre les corps dont il est question ici, si l'on veut ?)
La proposition semble définitivement terrestre, et aérienne. Pièce nocturne, où les interprètes demeurent souvent de dos, à rebours de l'époque qui met en avant les visages ; pas de selfies et de filtres avantageux ce soir, mais des silhouettes pour une danse tonique et douce, à rebours des corps en tensions et en soubresauts. Des marches, pour des flux réguliers de mouvements. Trois partenaires ce soir : la musique électronique puissante et sombre de Gérome Nox qui n'écrase pas les corps, des corps qui n'essaient pas de concurrencer l'intensité musicale en étant tendus ; sur le plateau pas d'objets comme souvent chez Rizzo, mais la lumière de Caty Olive qui découpe l'espace en de multiples possibilités, qui vient des hauteurs, où règne une activité certaine, au travers de dix rails où vont et viennent « des robots », nommés ainsi, comme on nous l'a confié, agités, qui portent des néons puissants.
Soudain, une ligne de danseurs, en fond de scène, face au public, sort du plateau, et disparaît, comme pour rejoindre définitivement les ténèbres. Ils semblent nous dire : que reste-t-il quand nous disparaissons ? ; de toute façon, il ne restera rien ; le vide, le silence, et il n'y a pas lieu d'en faire un drame. C'est la condition humaine. Aucun pathos. La vie est hantée, spectrale, mystère.
Fabien Rivière
miramar, de Christian Rizzo, CentQuatre - Paris, du 11 au 14 avril 2022. En savoir +
NOUS AVONS PUBLIÉ :
|
miramar, saluts, Photo Fabien Rivière |