Couverture de Scènes contemporaines (Mathurin Bolze, Les Hauts Plateaux, 2019, Photo Brice Robert), de Philippe Noisette, |
Le journaliste Philippe Noisette (pour Paris Match, Les Échos et Les Inrockuptibles) propose avec Scènes contemporaines un ouvrage dont le sous-titre Théâtre, danse, cirque, performance indique le caractère ambitieux, qui plus est en seulement 224 pages.
Il s'agit d'un état des lieux très fouillé, l'index occupe quatre pages et comporte presque 400 noms, de la scène actuelle visible en France, sans s'interdire de s'intéresser au début du 20° siècle avec Dada, Valeska Gert, le Black Mountain College et la danse butoh par exemple.
Entre autre, il propose un lexique (Animalité, Esprit(s), Génération, Masque, Mort, Plastique, Soleil, Sexe, Trouble, Vêtement), indique celles et ceux qui « ont montré la voie » (Merce Cunningham, Robert Wilson, Ariane Mnouchkine, Pina Bausch, Marina Abramović, Bartabas, Romeo Castellucci, Peter Sellars, Simon McBurney, Maguy Marin).
Vingt artistes sont mis en avant (deux pages chacun : Samuel Achache et Jeanne Candel, Jérôme Bel, Mathurin Bolze, Aurélien Bory, Yoann Bourgeois, Rébecca Chaillon, Emma Dante, Phia Ménard, Gisèle Vienne, Basil Twist, Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel, La Ribot, Angélica Liddell, Théo Mercier, Marlene Monteiro Freitas, Rimini Protokoll, Sophie Perez, Alessandro Sciarroni, Philippe Quesne, Miet Warlop).
Les relations entre scène et politique auraient sans doute mérité qu'on évoque le performer russe réfugié en France Piotr Pavlenski (déjà trois livres en français : Le cas Pavlenski - La politique comme art, Théorème et Collision, sans parler du catalogue d'exposition tenue à Londres en 2022 et début 2023, Pornopolitics and Other Precedents), et la situation des chorégraphes et danseurs allemands sous la domination nazie en Allemagne décrite dans l'ouvrage désormais classique de Laure Guilberg Danser avec le III° Reich - Les danseurs modernes et le nazisme, où il est notamment question de Mary Wigman et Rudolf von Laban, et pourquoi pas le Soviet Choreographers in the 1920s d'Elisabeth Souritz.
On peut s'étonner de la présence du circassien Yoann Bourgeois sur deux pages, accusé depuis février 2021 de divers plagiats (à la place pourquoi pas une page sur William Forsythe et une sur Trisha Brown), et, côté danse contemporaine, regretter les absences de chorégraphes importants comme Raimund Hoghe, Christophe Haleb, Marco Berrettini, Arkadi Zaides, le libanais Ali Chahrour, le brésilien Bruno Beltrão, Fabrice Lambert, et Emio Greco. La première génération de chorégraphes français contemporains aurait mérité un petit mot (Dominique Bagouet, Jean-Claude Gallotta, Régine Chopinot, Daniel Larrieu, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche, Joëlle Bouvier et Régis Obadia, Karine Saporta, entre autres). Et, sans nier la collaboration avec des plasticiens et des vidéastes, la préoccupation première de Merce Cunningham est bien de travailler à une écriture des corps plus que de « Faire danser les images. » (titre, page 119)
Quoiqu'il en soit, le pari éditorial est globalement réussi. On saluera la richesse de l'iconographie (160 photos !), principalement en couleur, fort bien choisie, et une belle maquette, sur un papier de qualité. Le tout pour un prix raisonnable : 24,90 €.
Fabien Rivière
PS. Rajouter une entrée "Sida", obligatoire, au Sommaire, et "Les gens d'Uterpan" à l'Index (page 13).
LIRE les 22 premières pages (cliquer sur "Feuilleter") > ICI
— Ouvrage paru aux éditions Flammarion le 13 septembre 2023.
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