jeudi 2 novembre 2023

Livre - Téo Fdida, un danseur résistant et lucide

Couverture du livre (Téo Fdida, Bretagne, 2021, Photo RitaGo), Photo Fabien Rivière

On donne rarement la parole aux danseurs et danseuses, publiquement. On les entend parfois, accompagnant le-la chorégraphe, quand il-elle rencontre le public à l'issue d'un spectacle. Mais c'est à la discrétion du chorégraphe, et c'est loin d'être automatique. Pourtant ils ont des choses intéressantes à dire, mais, donc, en off. D'autant plus qu'on "oublie" de préciser que beaucoup de matériel chorégraphique est à l'initiative et donc à l'invention des interprètes. 

Ainsi, on découvre avec intérêt de nouveau l'ouvrage du solide cinquantenaire Téo Fdida, Confessions d'un Danseur anonyme sans famille artistique, une réédition chez un autre éditeur disponible depuis le 27 septembre dernier (1ère parution 18 février 2022). Très bonne idée d'avoir ajouté en couverture une belle photo en noir et blanc qui montre notre homme dans une ambiance estivale avec une bouée, pour montrer qu'il n'a jamais coulé ?, du plus bel effet. 

Dans la danse, il faut savoir nager dans un milieu mouvant et imprévisible, avoir du souffle, et résister aux embruns qui menacent à tout moment de vous submerger ? Il ne s'agit pas ici de rêver la danse ni de la théoriser mais de l'éprouver dans sa réalité (où le rêve a sa place). Et de ne pas produire une histoire officielle, ni de se donner le beau rôle. 

Les histoires d'amour finissent mal, en général, chantaient Les Rita Mitsouko. Les histoires d'amitié, c'est un peu la même chose, affirme l'auteur. C'est que, tout à se consacrer à l'Art, avec ce magnifique A, est délaissé un autre art, celui des relations humaines. D'ailleurs, on peut penser à cette reflexion de Dominique Bagouet qui disait un jour qu'il travaillait avant avec « des danseurs » mais qu'il travaillait désormais avec « des êtres humains dansants. » Cela ne concerne donc pas uniquement la formation à donner aux interprètes mais aussi une réflexion à développer sur les modalités de l'être ensemble dans ce milieu violent. 

Qui dit danseur professionnel dit, d'abord, auditions (avant de pouvoir accéder au travail de répétitions, puis à la scène). On vous laisse découvrir combien il déclare en avoir passé. 

Mais avant il y a l'enfance, chapitre savoureux, la passion pour la danse dès 3 ans, et la découverte très tôt de « ce principe de plaisir inhérent au danseur » écrit-il, sans oublier le passage par le conservatoire.

En conclusion il se dépeint comme un « vieux » danseur. Peut-être pour la danse contemporaine (il existe quelques exceptions), mais pas pour les danses populaires, ni le butoh. Se pose aussi la difficulté quand on vient d'un milieu populaire à jouer le jeu codifié que demande cet écosystème qui, bien que "contemporain", fonctionne en partie comme une cour. Bref, on lit avec plaisir un texte fluide et très bien écrit. 
Fabien Rivière
Téo Fdida, Confessions d’un Danseur anonyme sans famille artistique, Roman, Collection Pointe, 92 pages, 15 euros, ISBN 978-2-491991-15-9, ISSN 2427-0067. Editeur  
ACHAT (France) : Librairies indépendantes   

RENCONTRE avec l'auteur :  
Soirée lectures et dédicaces organisée par la librairie La Lucarne des Écrivains, 115 Rue de l'Ourcq, 75019 Paris, le samedi 4 novembre à partir de 19h30 (métro Crimée - ligne 7 ou Rosa Parks - RER E - une station de la gare du Nord - Magenta).

1 commentaire:

  1. Un beau livre touchant où l'auteur nous fait toucher de façon très intime comment la danse à constitué son art de vivre et de survivre ne ratez pas la soirée chez un libraire indépendant la lucarne des écrivains pour rencontrer l'auteur autour d'un bon vin en fin de soirée c'est toujours revigorant et fort sympathique
    Florence issac

    RépondreSupprimer