samedi 28 octobre 2023

Paris - Danse contemporaine et violences policières

Présence et prise de parole des interprètes de Exit Above - d'après la tempête 
d' Anne Teresa De Keermaeker - Rosas dans le hall du Théâtre de la Ville -
Sarah Bernhardt le 28/10/2023, ici de dos, Photo Fabien Rivière
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Ce samedi 28 octobre 2023 à 20 heures la 4° représentation de Exit Above - d'après la tempête, la dernière création d'Anne Teresa De Keersmaeker doit se jouer dans la grande salle du Théâtre de la Ville - Sarah Bernhardt (qui peut accueillir 932 personnes), à Paris. Mais l'information commence à circuler : la représentation est annulée, une danseuse est malade. Les techniciens installent un pied de micro noir au milieu du vaste hall, le son est testé, des ouvreurs et ouvreuses demandent au public de se pousser pour dégager un espace vide autour. Les interprètes se faufilent et se positionnent debout derrière le pied de micro, sur deux rangs. 

Une jeune femme noire menue prend la parole en anglais, traduite en français au fur et à mesure. Il s'agit de Meskerem Mees, performeuse et (excellente) chanteuse dans cette production. Elle explique, tranquillement, qu'elle ne peut pas danser ce soir. Elle se rendait au théâtre quand elle a été prise dans une manifestation (interdite) pro-Gaza (il se trouve que la manifestation s'est tenue un temps place du Châtelet, devant le Théâtre de la Ville, cf. le compte rendu de Libération ICI). Elle demande à en sortir. Un policier refuse, et lui indique une direction où aller, puis on lui ordonne de ne plus bouger (c'est une technique policière de contrôle des corps nommée la nasse). Elle est alors témoin d'une scène où deux jeunes femmes jugées trop proches des policiers reçoivent du gaz lacrymogène. La jambe de la danseuse est touchée mais la bombe n'explose pas. Elle décrit un chaos. Une personne en vélo qui se voit refuser le passage par la police proteste sur le mode « Ce n'est pas cela la France ! » Elle réussit finalement à s'extraire de la manifestation. Choquée, une fois au théâtre, elle fond en larmes. Elle est effondrée. Elle explique qu'elle parle en son nom propre et pas au nom de la compagnie. La compagnie, en l'espèce les danseu-r-se-s décident d'annuler la représentation. Fin de l'intervention. Applaudissements. Le public se disperse. L'administrateur du théâtre a expliqué par ailleurs que les billets seront remboursés. 

Peut-on noter que Exit Above - d'après la tempête se retrouve confrontée au réel (le psychanalyste Jacques Lacan déclarait : « Le réel, c’est quand on se cogne »), que les interprètes acceptent - souhaitent - tentent de penser, d'en tirer les conséquences, et pourquoi pas d'agir aussi, tant qu'à faire ? Sans même parler des violences policières impunies sinon couvertes. 
Fabien Rivière
PS. La compagnie d'Anne Teresa De Keersmaeker, Rosas, est basée à Bruxelles (Belgique). 

mardi 24 octobre 2023

FAKA (Johannesburg), ISIFUNDO SOKUQALA

— Extrait de l'album BOTTOMS REVENGE 
ISIFUNDO SOKUQALA , du zoulou, en français PREMIÈRE LEÇON

« Johannesburg duo Fela Gucci and Desire Marea are better known as queer art collective FAKA. The brilliant best friends have been busy subverting the cis-hetero gaze since they met and started performing together eight years ago, leading a cultural movement for positive, progressive change in South Africa through their art. They produce experimental electronic music inspired by the raw house-like genre known as gqom, and dance to it far better than you ever could, all the while redefining what it is to be queer and African. »

Director and Editor: Kristin-Lee Moolman 
Costume Designer: IB Kamara 
Cinematography: Adriaan Louw


LIRE 
Faka, le duo queer qui règne sur l’Afrique du sud, Numéro, Alexis Thibault. ICI  
this is queer south africa, i-D's, Frankie Dunn. ICI 

lundi 23 octobre 2023

Livre - Ambitieux « Scènes contemporaines »

Couverture de Scènes contemporaines (Mathurin Bolze, Les Hauts Plateaux,
 2019, Photo Brice Robert), de Philippe Noisette, 

Le journaliste Philippe Noisette (pour Paris Match, Les Échos et Les Inrockuptibles) propose avec Scènes contemporaines un ouvrage dont le sous-titre Théâtre, danse, cirque, performance indique le caractère ambitieux, qui plus est en seulement 224 pages. 

Il s'agit d'un état des lieux très fouillé, l'index occupe quatre pages et comporte presque 400 noms, de la scène actuelle visible en France, sans s'interdire de s'intéresser au début du 20° siècle avec Dada, Valeska Gert, le Black Mountain College et la danse butoh par exemple. 

Entre autre, il propose un lexique (Animalité, Esprit(s), Génération, Masque, Mort, Plastique, Soleil, Sexe, Trouble, Vêtement), indique celles et ceux qui « ont montré la voie » (Merce Cunningham, Robert Wilson, Ariane Mnouchkine, Pina Bausch, Marina Abramović, Bartabas, Romeo Castellucci, Peter Sellars, Simon McBurney, Maguy Marin). 

Vingt artistes sont mis en avant (deux pages chacun : Samuel Achache et Jeanne Candel, Jérôme Bel, Mathurin Bolze, Aurélien Bory, Yoann Bourgeois, Rébecca Chaillon, Emma Dante, Phia Ménard, Gisèle Vienne, Basil Twist, Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel, La Ribot, Angélica Liddell, Théo Mercier, Marlene Monteiro Freitas, Rimini Protokoll, Sophie Perez, Alessandro Sciarroni, Philippe Quesne, Miet Warlop). 

Les relations entre scène et politique auraient sans doute mérité qu'on évoque le performer russe réfugié en France Piotr Pavlenski (déjà trois livres en français : Le cas Pavlenski - La politique comme art, Théorème et Collision, sans parler du catalogue d'exposition tenue à Londres en 2022 et début 2023, Pornopolitics and Other Precedents), et la situation des chorégraphes et danseurs allemands sous la domination nazie en Allemagne décrite dans l'ouvrage désormais classique de Laure Guilberg Danser avec le III° Reich - Les danseurs modernes et le nazisme, où il est notamment question de Mary Wigman et Rudolf von Laban, et pourquoi pas le Soviet Choreographers in the 1920s d'Elisabeth Souritz.

On peut s'étonner de la présence du circassien Yoann Bourgeois sur deux pages, accusé depuis février 2021 de divers plagiats (à la place pourquoi pas une page sur William Forsythe et une sur Trisha Brown), et, côté danse contemporaine, regretter les absences de chorégraphes importants comme Raimund Hoghe, Christophe Haleb, Marco Berrettini, Arkadi Zaides, le libanais Ali Chahrour, le brésilien Bruno Beltrão, Fabrice Lambert, et Emio Greco. La première génération de chorégraphes français contemporains aurait mérité un petit mot (Dominique Bagouet, Jean-Claude Gallotta, Régine Chopinot, Daniel Larrieu, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche, Joëlle Bouvier et Régis Obadia, Karine Saporta, entre autres). Et, sans nier la collaboration avec des plasticiens et des vidéastes, la préoccupation première de Merce Cunningham est bien de travailler à une écriture des corps plus que de « Faire danser les images. »  (titre, page 119) 

Quoiqu'il en soit, le pari éditorial est globalement réussi. On saluera la richesse de l'iconographie (160 photos !), principalement en couleur, fort bien choisie, et une belle maquette, sur un papier de qualité. Le tout pour un prix raisonnable : 24,90 €.   
Fabien Rivière
PS. Rajouter une entrée "Sida", obligatoire, au Sommaire, et "Les gens d'Uterpan" à l'Index (page 13). 

LIRE les 22 premières pages (cliquer sur "Feuilleter") > ICI  
— Ouvrage paru aux éditions Flammarion le 13 septembre 2023.  

ACHAT  > 
France : Librairies ICI - Gibert Joseph ICI - booksonthemove (Bordeaux) (bientôt) 
Belgique : Librairies ICI   

Unknown Mortal Orchestra (California & Hawai), That Life

Extrait de l'album V publié le 17 mars 2023. 
 
— Created between the dry freeways of Palm Springs, California and lush coastlines and Hilo, Hawai’i ; album led by Hawaiian-New Zealand artist Ruban Nielson

— Créé entre les autoroutes arides de Palm Springs, en Californie, et les côtes luxuriantes de Hilo, à Hawaï ; album dirigé par l'artiste hawaïen et néo-zélandais Ruban Nielson.

L'ALBUM (écoute et achat)  >  bandcamp  
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