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Ce n'est pas encore officiel. Mais on dispose enfin d'un calendrier prévisionnel des travaux de rénovation des façades fortement dégradées du Centre national de la danse (CND) de Pantin, qui sont depuis juillet 2017 (soit six ans et demi) recouvertes d'un filet de protection pour éviter les chutes de morceaux de béton.
Rappelons que le bâtiment a été commandé en 1965 à l'architecte Jacques Kalisz, qui défend une architecture dite brutaliste de béton brut et de verre. Il a été inauguré en 1972 comme cité administrative, avec ses services sociaux, son commissariat de police dans une aile du rez-de-chaussée et son tribunal au dernier étage, dans le cadre d'une utopie communiste.
Il a changé de destination pour être réaménagé pour son usage actuel par les architectes Antoinette Robain et Claire Guieysse en 2004 (récompensé par l’équerre d’argent), puis en 2013 pour les niveaux supérieurs. L'inauguration de cet espace de 11.800 m², dont la rénovation a coûté 15 millions d'euros TTC, eu lieu le 18 juin 2004 en présence du ministre de la culture de l'époque Renaud Donnedieu de Vabres.
Philippe Verrièle écrivait déjà dans La Lettre du Spectacle du 12 juin 2015 : « Le béton du bâtiment historique continuant à se dégrader, un traitement important s’imposera rapidement. » On savourera évidemment le « s'imposera rapidement. » Il y a presque six ans, il revenait de nouveau sur l'affaire dans La Lettre du Spectacle du 17 janvier 2018 (à lire ICI). Il rappelait que le problème est connu... depuis l'inauguration de 2004.
On a appris par Le Parisien du 23 novembre 2022 (ICI) que la ville de Pantin (Seine-Saint-Denis) a vendu le CND, présenté par le quotidien comme « l'un des joyaux culturels du département », dont le prix est estimé à 20.680.000 €, à l’État, pour 5 millions d’euros. Un prix au rabais qui s’explique notamment par l’état des façades du bâtiment. Mais la vente comporte une clause d’agrément garantissant que le CND reste à Pantin. L’opposition a remis en question le coût annoncé, regrettant que cette vente n’ait fait l’objet d’aucune concertation publique.
À cette occasion, un point important est précisé : « Les travaux de rénovation s’élèvent à 20 millions d’euros », a confié le maire (PS) de Pantin au journal. « La Cour des comptes a dit que pour réaliser un tel investissement, il fallait mieux que l’État soit propriétaire. » Mais le coût de la rénovation était estimé il y a six ans à 24 millions d'euros. On peut penser qu'il a augmenté sensiblement depuis puisque les matériaux ont continué à se dégrader. Qui croire ?
Un texte de l'Oppic, Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture, présente les enjeux actuels. C'est lui qui dirige les opérations de rénovation extérieure et intérieure des bâtiments à finalité culturelle, ou leur construction.
En 2018 il a demandé au ministère de la Culture des garanties sur la soutenabilité financière de l’opération du CND avant d’engager un appel d’offres. Il les a obtenues. Il écrit : « La dégradation des bétons en façades d’abord sur les parements, puis sur des ouvrages structurels avait été constatée dès la première opération mais les tentatives de réparations ponctuelles n’ont pas tenu et beaucoup de nouvelles zones dégradées sont apparues [nous soulignons]. Dans ce cadre, un nouveau diagnostic a été réalisé entre 2016 et 2018 et a démontré la nécessité d’étendre le périmètre des travaux à l’ensemble des parements et structures extérieures. »
Calendrier prévisionnel :
Début des travaux : 2025
Fin des travaux : 2027
Le programme est ainsi précisé : « Mandaté fin 2022 pour mener à bien cette opération, l’Oppic a lancé la consultation de maîtrise d’œuvre [personne physique ou morale choisie par le maître d'ouvrage pour la conduite opérationnelle des travaux], sous la forme d’une procédure négociée, en février [2023]. Après une phase de sélection des candidatures, les échanges menés avec les quatre candidats retenus ont permis de préciser et stabiliser les offres en matière de moyens humains mobilisés, de méthodologie et de processus qualité envisagé. Le marché de maîtrise d’œuvre a été notifié fin octobre [2023]. Les études pourront ainsi être menées pendant l’année 2024, avec l’objectif de lancer les travaux en 2025 pour une durée prévisionnelle d’environ deux ans. De nombreux diagnostics et chantiers test permettront de définir les modes opératoires d’intervention, encore très expérimentaux compte tenu de la forte dégradation de cette façade en béton brut [nous soulignons] et de vérifier leur adéquation avec des travaux menés en site occupé. L’enjeu sera de garantir la pérennité des interventions, sans remettre en cause l’aspect d’origine du bâtiment. »
L'opération s'annonce comme très délicate. Il faut de plus espérer qu'elle sera durable, et ne nécessitera pas de nouveaux travaux à court ou moyen terme. Affaire à suivre.
Fabien Rivière
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