François Chaignaud dans le Louvre médiéval, 2024, Musée du Louvre / Florence Brochoire |
Comme le Museum of Modern Art (MoMA) à New York, à la pointe dans ce domaine, ou la Tate Modern à Londres, le Louvre à Paris a compris l'importance de l'art de la danse et de la performance. Ainsi, pour la troisième année consécutive, il propose de l'art vivant dans ses murs. En 2022, Anne Teresa De Keersmaeker et Némo Flouret présentaient Forêt (Ici), en 2023, Jérôme Bel et Estelle Zhong Mengual, Danses non humaines (Ici).
Cette année, c'est François Chaignaud, avec Petites joueuses, qui affronte la redoutable commande de Luc Bouniol-Laffont, directeur de l’auditorium et des spectacles au Louvre. Comment ne pas se faire écraser par l'histoire et le poids symbolique du lieu ? Qui plus est quand la création se déroule en dialogue avec l’imposante exposition Figures du fou. Du Moyen âge aux Romantiques, qui réunit dans les espaces du hall Napoléon entièrement rénové, — qui est passé de 1.090 m² à 1.430 m² (soit plus de 30 % de surface) —, plus de trois cents œuvres, prêtées par 90 institutions françaises, européennes et américaines.
C'est un lieu sans œuvres mais chargé d'histoire qui a été retenu par le chorégraphe : le Louvre médiéval. Ce fut d'abord un château fort, chargé de défendre Paris, édifié entre 1190 et 1202. On y accède après avoir traversé une enfilade de couloirs. Un petit groupe de spectatrices et spectateurs se retrouve à l'arrêt devant une porte métallique grise fermée, devant laquelle un homme en noir nous donne quelques consignes : pas de photos, pas de bruit, possibilité de rebrousser chemin pour revenir voir certaines scènes, et aussi, on va entrer un par un, toutes les 15 secondes.
L'endroit, dans une relative pénombre, suggère une base sous-marine. Des murs de briques massives blanches, un plafond de béton brut, et au sol, selon les endroits, de la terre, de la pierre, du bois, ou surtout un élégant béton poli.
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Le parcours se déroule en 7 stations, nommées autour de la notion de souffle, successivement, poétiquement, Les ballonnées, L'exhalée, L'insufflée, La soupirante, Les fumeuses, La vibrante, Les éventées, La soufflante.
Énorme surprise que cette douceur (mais pas toujours), que cette ambiance amniotique, ce silence ou ce chant émouvant déclamé allongé et dans la pénombre, ou encore ces différentes postures qui suggèrent des gargouilles mais sans rictus forcés, ou ces créatures qui jouent avec un ballon rouge très léger avec une élégance folle. Les pièges étaient nombreux, tous évités avec intelligence.
Fabien Rivière
Petites joueuses, de François Chaignaud, Louvre médiéval, Musée du Louvre (Paris), 4 - 16 novembre 2024. En savoir +
Exposition Figures du fou. Du Moyen âge aux Romantiques, Musée du Louvre (Paris), Hall Napoléon, 16 octobre - 3 février 2025. En savoir +
ET AUSSI, AUTOUR DE L'EXPO FIGURES DU FOU :
— LA NUIT DES FOUS - vendredi 17 janvier 2025 de 18h30 - 23h
(avec Portrait du Louvre en 10 histoires de fous par Thomas Schlesser - Madame Arthur chahute le Louvre Avec la participation exceptionnelle de François Chaignaud - (La)Horde Ballet National de Marseille, cour Marly pour une performance en continue au milieu des sculptures - Zaho de Sagazan, Concert de clôture sous la Pyramide)
— CONFÉRENCES
— CONCERTS Chants et musiques de la folie
— CONFÉRENCE Dieu aime-t-il les fous?
— COLLOQUE INTERNATIONAL Faire le fou. L’art des bouffons dans l’Europe moderne
— VISITES HANDICAP
— ATELIERS
— ATELIER PHILO
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