vendredi 22 novembre 2024

Danse - Jan Martens célèbre les voix des femmes

Voice Noise, de Jan Martens, Photo Phile Deprez 
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Avec sa nouvelle création Voice Noise, en français Le bruit de la voix, le Belge d'Anvers Jan Martens souhaite donner une plus forte visibilité et crédit aux femmes compositrices et vocalistes novatrices. 

Il s'appuie sur les analyses de la canadienne Anne Carson dans son texte The Gender of Sound, en français Le genre du son, publié en 1995 dans son ouvrage Glass, Irony and God, traduit en français en 2004 par Verre, Ironie et Dieu aux éditions Corti (re-publié en 2023).

Les treize morceaux mobilisés constituent un panorama impressionnant, tant géographique, qu'historique, qui se déploie en Europe (Royaume-Uni, Italie, Norvège et Finlande), en Amérique du Nord (Etats-Unis, côtes est et ouest, et Canada) et en Inde, sur pratiquement un siècle, de 1935 à 2023. Il nous a semblé important de donner un visage et une nationalité à chaque créatrice (cf. ci-dessous).  

Cette diversité est l'exacte inverse du Il Cimento dell’Armonia e dell’Inventione d'Anne Teresa De Keersmaeker et Radouan Mriziga, vu dans la même salle en septembre dernier, qui se proposait officiellement « d’explorer » Les Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi, de façon très prudente. Au contraire, avec son Amour, acide et noix le Canadien Daniel Léveillé, sur la même musique, par le travail des corps, réussissait à redonner à Vivaldi une vitalité surprenante et laissait penser qu'il avait composé pour lui.  
  
En ouverture, chaque interprète va prendre la parole pour dire ceci : 
« I'm no one's little girl, oh no, 
I'm not I'm not gonna be - cause I don't wanna be
 I never shall be on your family tree - 
Even if you ask me to 
I'm gonna turn you down 
I won't mess you around »
Soit, en français : 
« Je ne suis la petite fille de personne, oh non,
Je ne suis pas, je ne serai pas - parce que je ne veux pas être
 Je ne serai jamais sur ton arbre généalogique
Même si tu me le demandes
Je vais te repousser
Je ne te ferai pas te faire tourner en bourrique »

Les prises de parole en anglais auraient dû être soit prononcées en français soit sous-titrées — Pina Bausch a toujours donné ses pièces en français dans ce théâtre — et pourquoi pas, de la même façon, pour la musique, afin de mieux comprendre certains enjeux, ainsi avec le morceau « Bella ciao sul femminicidio » qu'on ne comprend qu'après ?   

La scène suggère un vieil entrepôt, vaste et vide, plongé dans une relative obscurité, empli de brume, aux murs à la peinture singulièrement endommagée. Beaucoup d'actions se déroulent la nuit, métaphore de cette longue pénombre subie des femmes ? Dans un travail de lumières remarquable au demeurant, signé Jan Fedinger. La scénographie, épurée, est de Joris van Dosterwijk, avec son grand et massif plateau carré noir posé sur le sol au centre de l'espace et sur lequel se déroule la plus grande partie de la danse, et ces enceintes noires qui montent et descendent lentement. 

L'exigence musicale est exceptionnelle, entre possession et méditation. La chorégraphie, qui articule grande rigueur et fort relâchement, sait éviter l'illustration, servie par six excellents interprètes, quatre femmes, Courtney May Robertson, Loeka Willems, Sue-Yeon Youn et Elisha Mercelina, et deux hommes, Steven Michel et Mamadou Wagué. L'enjeu semble être de créer des mondes, des mondes nouveaux. 
Fabien Rivière
Voice Noise, de Jan Martens, Théâtre de la Ville (Paris), du 19 au 23 novembre. En savoir +     
— La bande son, à écouter sur Spotify : ICI  
BANDE-SON de VOICE NOISE ordre chronologique

Cheri Knight (ville : Olympia, état : Washington [côte ouest]) 1984 
— morceau : Prime Numbers, album : American Rituals - juillet 2022 
ALBUM American Rituals (écoute)  > bandcamp   
Erin Gee (Boston, Massachusetts [côte est])  
— morceau : Mouthpiece I [série, numérotée, développée sur 20 ans] — 2000
Maja S. K. Ratkje [Maja Solveig Kjelstrup Ratkje] (Svartskog, Norvège) 
— morceau :  Trio, album Voice — 2002
Compte Bandcamp  >  ICI   
Camille Yarbrough (États-Unis) 
— morceau : Ain't It A Lonely Feeling [N'est-ce pas un sentiment de solitude] - album : The Iron Pot Cooker [La marmite en fer] — 1975
Debby Friday (Nigéria, puis Toronto, Canada) 
— morceau : Safe, [premier] album : Good Luck — mars 2023 
ALBUM Good Luck (écoute)  > bandcamp   
Kesarbai Kerkar (Inde, 1892 - 1977) 
— morceau : Raag Des, Sakhi Mohan, album : Living Music From The Past — 1935 
The Raincoats [Les Imperméables] (Londres, Royaume-Uni) 
— morceau : No One's Little Girl [La petite fille de personne], album : Moving  — 1977 
Compte Bandcamp  >  ICI 
Ruby Elzy (États-Unis, 1908 - 1943, soprano) 
—  morceau : Sometimes I Fell Like a Motherless Child [Parfois, je me suis sentie comme une enfant sans mère], album : Vocal recital — 1940 
Mary Margaret O'Hara (Toronto, Canada) 
— morceau : Not Be Alright, album : Miss America —  juin 1988
ALBUM Miss America (écoute) > ICI 
Cucina Povera (Helsinki, Finlande)   
— morceau : Varisevalehti, album : Tuhka [Cendre] — 2022 
ALBUM Tuhka (écoute) > bandcamp
Coro delle Mondine di Porporana (Italie)  
— morceau : Bella ciao sul femminicidio — 2019 
Facebook > ICI
Tanya Tagaq (Canada)   
— morceau : Surge [Déferler], album : Sinaa — 2006
Compte Bandcamp > ICI 
Marianne Reidarsdatter Eriksen (Norvège)Trio Mediæval
 morceau : Sol Lucet, album : An Old Hall Ladymass — 2023
Compte Soundcloud > ICI  

mercredi 20 novembre 2024

Exposition - Agnès Geoffray : « Les guérillères »

Agnès Geoffray, Tout geste est renversement, 2024, 50x33 cm
Agnès Geoffray, La femme penchée, 2023, 160x110 cm
Agnès Geoffray, Ripostes (projection de dispositives sur photos)
Agnès Geoffray, Ripostes (projection de dispositives sur photos)
Agnès Geoffray, Ripostes (projection de dispositives sur photos)
Agnès Geoffray, Parades, 25X22 cm

Exposition d'Agnès Geoffray : « Les guérillères », à Contretype - Centre d'art photo, à Bruxelles (Belgique).  En savoir + 
— On peut lire l'article suivant : Les Guérillères d’Agnès Geoffray, de Guillaume Lasserre, Mediapart, 20 novembre 2024. ICI 

jeudi 14 novembre 2024

Vertigineux - Sara Forestier témoigne sur toutes les violences dans le milieu du cinéma

L'actrice et réalisatrice française Sara Forestier a témoigné à l'Assemblée nationale le 7 novembre dernier pendant un peu plus d'une heure, devant la Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. Ses paroles concernent le milieu du cinéma et sont hallucinantes, rendant compte de violences physiques, sexuelles et psychiques, qui concernent aussi bien des mineurs que des majeurs. 
Fabien Rivière 

mardi 12 novembre 2024

François Chaignaud affole-t-il le Louvre avec ses «Petites joueuses» ?

 François Chaignaud dans le Louvre médiéval, 2024, Musée du Louvre / Florence Brochoire

Comme le Museum of Modern Art (MoMA) à New York, à la pointe dans ce domaine, ou la Tate Modern à Londres, le Louvre à Paris a compris l'importance de l'art de la danse et de la performance. Ainsi, pour la troisième année consécutive, il propose de l'art vivant dans ses murs. En 2022, Anne Teresa De Keersmaeker et Némo Flouret présentaient Forêt (Ici), en 2023, Jérôme Bel et Estelle Zhong Mengual, Danses non humaines (Ici).

Cette année, c'est François Chaignaud, avec Petites joueuses, qui affronte la redoutable commande de Luc Bouniol-Laffont, directeur de l’auditorium et des spectacles au Louvre. Comment ne pas se faire écraser par l'histoire et le poids symbolique du lieu ? Qui plus est quand la création se déroule en dialogue avec l’imposante exposition Figures du fou. Du Moyen âge aux Romantiques, qui réunit dans les espaces du hall Napoléon entièrement rénové, — qui est passé de 1.090 m² à 1.430 m² (soit plus de 30 % de surface) —, plus de trois cents œuvres, prêtées par 90 institutions françaises, européennes et américaines. 

C'est un lieu sans œuvres mais chargé d'histoire qui a été retenu par le chorégraphe : le Louvre médiéval. Ce fut d'abord un château fort, chargé de défendre Paris, édifié entre 1190 et 1202. On y accède après avoir traversé une enfilade de couloirs. Un petit groupe de spectatrices et spectateurs se retrouve à l'arrêt devant une porte métallique grise fermée, devant laquelle un homme en noir nous donne quelques consignes : pas de photos, pas de bruit, possibilité de rebrousser chemin pour revenir voir certaines scènes, et aussi, on va entrer un par un, toutes les 15 secondes.

L'endroit, dans une relative pénombre, suggère une base sous-marine. Des murs de briques massives blanches, un plafond de béton brut, et au sol, selon les endroits, de la terre, de la pierre, du bois, ou surtout un élégant béton poli. 

Petites joueuses, de François Chaignaud, Photo Louis de Ducla - Musée du Louvre 
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Le parcours se déroule en 7 stations, nommées autour de la notion de souffle, successivement, poétiquement, Les ballonnées, L'exhalée, L'insufflée, La soupirante, Les fumeuses, La vibrante, Les éventées, La soufflante. 

Énorme surprise que cette douceur (mais pas toujours), que cette ambiance amniotique, ce silence ou ce chant émouvant déclamé allongé et dans la pénombre, ou encore ces différentes postures qui suggèrent des gargouilles mais sans rictus forcés, ou ces créatures qui jouent avec un ballon rouge très léger avec une élégance folle. Les pièges étaient nombreux, tous évités avec intelligence. 
Fabien Rivière 
Petites joueuses, de François Chaignaud, Louvre médiéval, Musée du Louvre (Paris),  4 - 16 novembre 2024.  En savoir + 

Exposition Figures du fou. Du Moyen âge aux Romantiques, Musée du Louvre (Paris), Hall Napoléon, 16 octobre - 3 février 2025.  En savoir + 

ET AUSSI, AUTOUR DE L'EXPO FIGURES DU FOU :                             
—  LA NUIT DES FOUS - vendredi 17 janvier 2025 de 18h30 - 23h 
(avec Portrait du Louvre en 10 histoires de fous par Thomas Schlesser - Madame Arthur chahute le Louvre Avec la participation exceptionnelle de François Chaignaud - (La)Horde Ballet National de Marseille, cour Marly pour une performance en continue au milieu des sculptures - Zaho de Sagazan, Concert de clôture sous la Pyramide)
—  CONFÉRENCES 
—  CONCERTS Chants et musiques de la folie
—  CONFÉRENCE Dieu aime-t-il les fous?
—  COLLOQUE INTERNATIONAL Faire le fou. L’art des bouffons dans l’Europe moderne
—  VISITES HANDICAP 
—  ATELIERS 
—  ATELIER PHILO 
Affichette juste avant d'entrer dans Le Louvre médiéval, Photo Fabien Rivière

lundi 11 novembre 2024

Loup Marcault-Derouard nous parle du « Gods and Dogs » de Jiří Kylián

Loup Marcault-Derouard est aussi interprète de Jeff Buckley dans le Grace de Benjamin Millepied. 
— Gods and Dogs a été créé à l'origine le 13 novembre 2008 pour le Nederlands Dans Theater (NDT II). ici, reprise pour le Ballet de l'Opéra national de Paris, en décembre dernier. Durée : 24 minutes. 
Fabien Rivière

samedi 9 novembre 2024

machìna : HÖR, Berlin - Jan 4, 2023

machìna à The Salon by NADA & The Community, 20/10/2024, Photo Fabien Rivière
J'ai découvert la DJ machìna lors de son set à l'occasion de The Salon by NADA & The Community (site), à Paris, foire d'art plastique. le dimanche 20 octobre dernier.  
Fabien Rivière

jeudi 7 novembre 2024

The Twilight Sad (Glasgow, UK), Last January


Extrait du groupe britannique The Twilight Sad, en français Le Crépuscule Triste, présent dans l'album Oran Mor 2020,  publié le 26 décembre 2020. La vidéo a été mise en ligne il y a deux mois. 
L'ALBUM (écoute et achat)  >  bandcamp 

mardi 5 novembre 2024

Exposition Hans Op de Beeck à Templon New York

Hans Op de Beeck, Zhai-Liza (Mother's Shoes), 2024, polyester, polyamide, coating, 114 × 72 × 72 in. — 45 × 28 1/4 × 28 1/4 cm, edition of 5 + 2 AP, © Hans Op de Beeck

Une exposition du plasticien belge Hans Op de Beeck, né à Turnhout, au nord du pays, 55 ans, Whispered Tales, en français Histoires chuchotées, occupe les 500 mètres carrés de la galerie new yorkaise Templon. L'artiste est connu pour ses œuvres sculpturales monumentales, souvent monochromes.
Fabien Rivière
Exposition Hans Op de BeeckWhispered Tales7 novembre - 21 décembre 2024, Templon New York,  293 Tenth Avenue New York, NY 10001, USAEn savoir +    

 Hans Op de Beeck, Zhai-Liza (angel), 2024, polyester, polyamide, enduit, 81 × 59 × 59 cm 


samedi 2 novembre 2024

Heavy Lungs (Bristol, UK), Get Out

Joie : premier morceau accompagné d'une vidéo du nouvel album, Caviar, des épatants Heavy Lungs, en français Poumons Lourds, à paraître le 18 avril 2025. Le groupe est mené par Danny Nedelko, « un immigré ukrainien », comme le définit son ami Joe Talbot, le leader du groupe Idles (interview > ICI). 
L'ALBUM (écoute et achat)  >  bandcamp 
— NOUS AVONS DÉJÀ PUBLIÉ : 
POCHETTE DE L'ALBUM CAVIAR

vendredi 1 novembre 2024

Exposition - hommage à Scott Burton à Saint-Louis

 Scott Burton, Section III. Sexual Presentations [alternating aggressive and passive], 1980. Gelatin silver print,
 7/8 x 1 7/16 inches (2.2 x 3.6 cm), Scott Burton Papers, II.87. The Museum of Modern Art Archives, New York.
© 2024 Estate of Scott Burton
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La Pulitzer Foundation for the Arts à Saint-Louis, dans l'état du Missouri (cf. plan ci-dessous),  a ouvert ses portes en octobre 2001 dans un bâtiment conçu par Tadao Andō, architecte japonais de renommée mondiale, lauréat du prix Pritzker. Elle consacre actuellement la première exposition aux États-Unis depuis sa mort du sida en 1989 à l'âge de 50 ans à l'artiste Scott Burton, Scott Burton: Shape Shift, en français Scott Burton: Changement de forme (6 sept. 2024 - 2 février 2025). 

L'exposition se déploie des années 60 aux années 80. Il fut artiste, critique, chorégraphe social, collectionneur et curateur. Le musée a invité des artistes contemporains à répondre à son héritage. Il qualifiait son travail de « sculpture amoureuse du mobilier ». Scott Burton : Shape Shift rassemble 40 pièces de mobilier sculpturales, ainsi que des documents jamais exposés sur les performances de Burton et un ensemble de documents d'archives couvrant toute sa carrière, prêtés par le Museum of Modern Art (MoMA) de New York. Ainsi, on trouvera des notes, des partitions et des photos de ses premières performances, en soulignant son passage à la sculpture, pensée dans sa relation avec le corps.

Vue du catalogue, Scott Burton, Five-Part Storage Cubes [Cubes de rangement en cinq parties],  1982.
Painted wood, 53 x 57 x 43 1/2 inches (134.6 x 144.8 x 110.5 cm), Number 1 from the edition of 2.

Un catalogue de l'exposition sera  publié en août 2025. Il comprendra des écrits des commissaires de l'exposition Jess Wilcox et Heather Alexis Smith, des universitaires David J. Getsy et Jeremy Johnston, ainsi que des artistes Brendan Fernandes et Gordon Hall. Le catalogue comprend également un extrait inédit de la transcription d'une conférence donnée par Burton en 1988. Le catalogue est co-édité par Alphawood Exhibitions. (ICI)
Fabien Rivière
Scott Burton: Shape ShiftEn savoir + 
Installation view of Scott Burton: Shape Shift at the Pulitzer Arts Foundation,
 Photograph by Alise O'Brien Photography. 
La Pulitzer Foundation for the Arts à Saint-Louis, dans l'état du Missouri 
Couverture de l'ouvrage Scott Burton: Collected Writings on Art & Performance, 1965-1975
 
paru en 2012

mercredi 30 octobre 2024

Soft Play (UK), Isaac Is Typing… + Mirror Muscles + Punk's Dead + Everything and Nothing


L'excellent groupe de rock britannique explosif Slaves, soit Laurie Vincent et Isaac Holman, a décidé de changer de nom en décembre 2022 pour Soft Play, ce qui n'est pas exactement la même chose. Ils expliquent que Slaves posait « problème », et s'excusent « auprès de tous ceux qu’ils avaient offensés » (source : ICI). On rappellera que, de même, les Irlandais Girl Band, composés exclusivement d'hommes est devenu Gilla Band (ICI). Mais les américains de Los Angeles, Allah Las, demeurent (ICI). 

Extraits du nouvel album, Heavy Jelly, en français Gelée épaisse, publié le 19 juillet dernier. 
L'ALBUM >  Écoute - soundcloud  
Fabien Rivière 
SLAVES > nous avons déjà publié : 
POCHETTE DE L'ALBUM

lundi 28 octobre 2024

L'Alvin Ailey American Dance Theater enchante Paris

Alvin Ailey, 1962. Photo by Jack Mitchell, courtesy of Alvin Ailey Dance Foundation, Inc.
and the Smithsonian National Museum of African American History and Culture

La presque totalité de la salle se lève et manifeste sa joie. Ce n'est pas si fréquent. Nous sommes dans l'immense salle du Palais des Congrès à Paris, où se produit l'Alvin Ailey American Dance Theater, qui n'était pas venue depuis 7 ans. Elle occupe avec son école un immeuble à New York à Manhattan, proche de Central Park.  
 
La compagnie est toujours active 35 ans après la disparition de son fondateur. C'est suffisamment rare pour être noté. Alvin Ailey est né en 1931 dans une famille pauvre. Il se forme à la gymnastique, et rencontre quand il a 18 ans le chorégraphe Lester Horton (1906 - 1953), dont il suit l'enseignement, dans l'un des rares espaces de mixité raciale. Il fonde sa compagnie en 1958 à 27 ans, et meurt du sida en 1989 à 58 ans. Il demande que cette information ne soit révélée qu'après la mort de sa mère. Prolifique, il aura créé 79 ballets. Le New York Times écrit alors : « Vous n’avez pas besoin de l’avoir connu personnellement pour avoir été touché par son humanité, son enthousiasme et son exubérance ainsi que par sa position courageuse en faveur de sa fraternité multiraciale. »
 
Visuel Coffret Abbey Lincoln

Le programme A associe 2 pièces historiques et 2 créations récentes. Survivors (1986) de Alvin Ailey, ouvre la soirée. On est saisi immédiatement par la puissance émotionnelle de la voix d’Abbey Lincoln (cf photo ci-dessus). La pièce se veut « un hommage passionné au profond courage et la terrible angoisse de Nelson et Winnie Mandela, et plus largement dépeint un portrait de personnes transformées par l’injustice. » 

La musique de la soirée est absolument somptueuse, avec Max Roach et Peter Philips, Duke Ellington, Count Basie, Rebirth Brass Band, The Dirty Dozen Brass Band, et Cyrus Chestnut.

Elizabeth Roxas-Dobrish, Photo  Ernest S. Mandap 

Me, Myself and You (2023), d’Elizabeth Roxas-Dobrish est assez bref, qui dure 7 minutes. Soit un beau duo, tendre et doux, manifestement amoureux, entre un solide gaillard torse nu et une femme habillée élégamment.

Amy Hall Garner, Photo Luis Alberto Rodriguez

CENTURY (2023) est la première collaboration d'Amy Hall Garner avec la compagnie, et c'est un coup de maître. Un chef d'œuvre, inspiré par son grand-père à la veille de son 100° anniversaire. Ambiance comédie musicale, où les femmes suggèrent Joséphine Baker, dans des échanges joyeux avec les hommes. L'écriture de la danse est très riche, fluide, comme un fleuve qui coule sans discontinuer, accompagnée par la musique de Ray Charles, Count Basie, et de la Nouvelle-Orléans avec The Dirty Dozen Brass Band.  

CENTURY, d'Amy Hall Garner, Photo Paul Kolnik

Solomon Dumas, Khalia Campbell et Samantha Figgins dans Revelations, d'Alvin Ailey,
 2021, Photo by Paul Kolnik

Revelations (1960) de Alvin Ailey, clôt la soirée. C'est une œuvre en trois parties qui traite de l'histoire et de la culture afro-américainessur une musique de spirituals, de gospel et de blues. Ailey expliquait qu'il était notamment question « de son enfance dans la campagne texane et de l’Église baptiste. » Se manifeste une certaine joie de vivre, dans une approche stylisée, au sens où est mis à distance ce que fut et demeure la réalité de la violence de la condition noire aux Etats-Unis. 

On songe, au loin, au monde tel qu'il est. Cette soirée est comme une oasis dans un désert, bienvenu, où l'on vient se reposer, souffler et se rafraîchir. 
Fabien Rivière
—— La portrait qui ouvre l'article fait partie des plus de 10 000 documents photographiques constitués de 8 288 négatifs en noir et blanc, 2 106 diapositives et transparents en couleur et 339 tirages en noir et blanc, que le Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaines du Smithsonian à Washington (États-Unis) [Smithsonian’s National Museum of African American History and Culture] a mis en ligne à l'occasion du 30° anniversaire de la mort d'Alvin Ailey (le 1er décembre 1989) en 2019. En savoir + 

—  Il serait opportun de présenter en France le documentaire de la réalisatrice 
Jamila Wignot, Ailey, qui date de 2021. (lire l'article de Radio Canada > ICI)
< VISUEL 

—  Programme B : 
 « composé d’œuvres ayant déjà rencontré un grand succès »,  
Following the Subtle Current Upstream [Suivre le courant subtil en amont] (2000) d’Alonzo King (1952 - )
Dancing Spirit [L'esprit de la danse] (2009) de Ronald K. Brown (1966 - )


samedi 26 octobre 2024

Oh Sees (San Francisco), The Daily Heavy

Ce morceau ouvre l'album Face Stabber
L'ALBUM (écoute et achat)  >  bandcamp
— NOUS AVONS DÉJÀ PUBLIÉ  > ICI    

vendredi 25 octobre 2024

Thee Oh Sees (San Francisco), Dead Man's Gun

Ce morceau ouvre l'album A Weird Exits, en français Des sorties bizarres, publié chez Castle Face Records. 
L'ALBUM (écoute et achat)  >  bandcamp 

Director: Matt Yoka
Assistant Director: Tim Sheedy
Choreographer: Danielle Agami of Ate9 Dance Company (site)
Performers: Sara Butler, Ariana Daub, Genna Moroni, Rebecah Goldstone, Gary Reagan, Tyler Watson, and Eli Weinberg
Special Makeup Effects: Josh Russell, Sierra Russell, and Ana Preciado
Prop Master: Rico Orta
Associate Producer: Francesca Alfano 

NOUS AVONS DÉJÀ PUBLIÉ  > ICI    

mardi 22 octobre 2024

Emil Michael Klein (Zurich, Suisse), Untitled

PHOTOS Fabien Rivière
Emil Michael Klein (Zurich (Suisse) - 1982, Munich (Allemagne)). 
Untitled, 2020 Oil and encaustic on canvas 270 x 187,5 cm
— Untitled, 2020, Oil and encaustic on canvas.  
Untitled, 2022 Oil on canvas 35 x 51,5 cm
Galerie Federico Vavassori (Milan). Site 
Œuvres découvertes lors de Paris Internationale, au Central téléphonique Poissonnière (9° ardt.), 16 - 20 octobre 2024. 
Autres œuvres de l'artiste > Galerie Francesca Pia
Emil Michael Klein, Photo DR