mardi 1 avril 2025

Loris Kingolo danse dans : Étienne de Crécy — World Away feat Alexis Taylor

Extrait de l'album un titre paru en novembre dernier. 
ALBUM (écoute et achat)  >  bandcamp 
Repris dans son nouvel album huit titres Warm Up, en français S'échauffer, publié le 14 mars dernier.
POCHETTE DE L'ALBUM


dimanche 30 mars 2025

La danse noire de Dalila Belaza (« Orage »)

Dalila Belaza dans Orage, Photo DR

La nouvelle création de Daliza Belaza se nomme Orage. On songe à Oh rage ! Allez savoir pourquoi. Oh rage !, Oh désespoir ! ? Peut-être. Elle est à voir dans le cadre de la Biennale de danse du Val-de-Marne. 

Un plateau vide, dans une ambiance nocturne. En son centre Dalila Belaza. À sa droite, un peu plus profondément, un guitariste, discret. Rien moins que Serge Teyssot-Gay, qui, en 1980, en classe de seconde, rencontre dans un lycée catholique de Bordeaux, Bertrand Cantat, et forme un groupe de rock qui se nommera quelque temps plus tard, Noir Désir, jusqu'à son arrêt en 2003. Il crée en 2005 le duo Interzone avec l'oudiste syrien Khaled Aljaramani rencontré à Damas lors d'une tournée de Noir Désir, avec qui il réalise cinq albums. Suivent de multiples collaborations. 

Ils sont tous les deux habillés de noir. Elle dans un vêtement très large, qui peut suggérer, un temps, une camisole de force. Lui, crane lisse, mine de moine. Avec sa guitare électrique il délivre un rock bruitiste puissant. Il est debout, immobile, seule sa main droite bouge, comme grattant ou chatouillant la basse. Il parlera plus tard justement de « déluge électrique »

Il s'agit d'une improvisation. Rien n'est écrit, ou préparé avant. Refaire ce qui a fonctionné la veille ne marche pas, explique-t-il. Il faut être présent. Il souhaite que cette disponibilité soit à l'œuvre aussi dans la vie (quotidienne), afin de permettre des rencontres imprévues. 

Il ne cessera, dans un premier temps, d'observer la performeuse, puis ses yeux sembleront se perdre dans le lointain du ciel. Dans les hauteurs, trois rangées de onze projecteurs pour assurer les lumières, redoutablement efficaces.    

Après la vision de la pièce, et après l'écriture de tout le reste de cet article, on découvrira les propos de la chorégraphe dans la revue Cahiers de danse (cf précisions en fin d'article) : « Qu'il s'agisse de mon travail de création ou de transmission, je m'aperçois que je prépare assez peu : je me mets plutôt en situation de tensions, voire de péril. Anticiper et projeter mentalement mes gestes serait en contradiction avec les états d'écoute, de conscience et d'hypervigilance que je recherche. » (p. 24) 

Mais poursuivons. Comme ancrée au sol, la danseuse tressaille, défaille, comme prise dans des turbulences, pantin désarticulé. Possédée ? Mais par quelles forces ? On songe un temps à un film de science-fiction, à du David Lynch. D'un côté le corps est perturbé, de l'autre on se dit qu'il est aussi question de lâcher-prise. Pour quel but ? Par quel chemin ? Elle va s'assoir, s'allonger de profil, etc. Elle va disparaître vers le fond de scène, puis réapparaître. Elle semble justement pouvoir voyager dans l'espace et le temps (cf notre critique de son Au cœurICI). Elle suggère, un temps, un grand guignol moyenâgeux, puis, allongée vers le fond à gauche du plateau, elle est un simple corps mort indiscernable, une dépouille, d'on ne sait qui, sans pathos. Puis, elle réapparait au centre du plateau, dans une gestuelle plus fluide, comme (légèrement) allégée ? Comme une patineuse artistique qui glisse sur le sol gelé. Elle sollicitera aussi le ciel. 
Fabien Rivière
Orage, de Dalila Belaza, La Briqueterie (94), Vitry-sur-Seine, dans le cadre de la Biennale de danse du Val-de-Marne, vu le 27 mars (notre présentation). en savoir + 

TOURNÉE 2025 
Jeudi 10 avril  —  L’Azimut - Théâtre La Piscine, Châtenay-Malabry. En savoir +  
16-17 septembre  —  Focus Danse, Biennale de la danse de Lyon, Lyon.
25-26 septembre  —  La Coupole - Théâtre Sarah Bernhardt, Théâtre de la Ville, Paris.
 
LIRE 
Une interview de Dalila Belaza à retrouver dans le dernier numéro de la revue bilingue français-anglais de la Briqueterie, à Vitry-sur-Seine (94), — qui organise la Biennale de danse du Val-de-Marne, — "Accueillir le vide", pp 24-27, dans Cahiers de danse, n°2, dossier : Sommeils, 9 €. En savoir +